Dimanche 23 mai 1869 (C)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay)
Dimanche soir
Ma chère Amie.
Je te remercie de tes bonnes lettres & je te prie d'embrasser bien fort ma chère grosse Mimi[1] pour sa bonne lettre qui m'a fait le plus grand plaisir ainsi que le petit mot d'amitié et d'affection de notre chère petite Émilie[2].
J'appréhendais cette journée[3], plus que nécessaire, sauf l'ennui d'être assis là, entretenir une conversation qui n'est pas toujours de mon goût ; je n'ai pas eu d'autres ennuis. Ces élections malgré la passion que l'on y retrouve dans toutes les localités & en particulier ici, ce Dimanche s'est passé très tranquillement plus des 3/4 des électeurs ont déjà passé devant l'urne. La grande majorité, je crois pour Keller. Il est plus que probable que nous n'aurons pas à passer par un second scrutin.
Victoire[4] sur mon invitation a écrit à Thérèse[5] aujourd'hui, lui demandant comment elle va & pour quelle époque elle espère rentrer. J'espère que nous aurons réponse.
Il me semble qu'il y a déjà bien longtemps que je vous ai quittés & ne puis me mettre dans la tête que ce ne sont que 4 1/2 journées sans vous.
Les journées se passent vite, au dîner & soirées cela ne passe pas aussi bien. Je n'ai pas à me plaindre de ma santé qui est bonne, très bonne. Ne me sentant pas la moindre fatigue l'on dirait que ces 15 jours de vacances m'ont fait gaillard.
Je suppose que l'Oncle[6] est allé au Casino & me videra demain son sac de nouvelles ; car à ma mairie je n'ai absolument rien appris, que les récoltes se présentent bien, surtout prés & vignes ; que le baromètre monte, le beau temps est revenu, mais il fait froid l'on n'a rien de trop avec ses habits d'hiver.
J'ai vu l'électeur M. Berger qui me dit que ses petites filles[7] vont très bien ce qui peut bien intéresser leurs petites amies de Launay[8].
Comme mes dîners ne sont pas longs j'étais au jardin brûler mon cigare, mais j'y étais seul ce qui perd beaucoup du charme d'admirer. Il me semble que jamais notre jardin n'a eu autant d'ombre & aussi vert & touffu que cette année. Trop peut-être.
Je dirai à Mimi & Émilie que la couveuse cigogne est toujours très sage & ne quitte pas son nid. Mais elle ne nous dit pas si elle a réussi, attendant pour cela votre retour sans doute.
Pas mal d'oiseaux je ne sais lesquels mais peu de nids me dit Gustave[9].
Je n'ai pas encore visité le jardin qui me donne cependant des fraises & des haricots verts. Je ne parle pas des vulgaires asperges, salades etc. que tout le monde sait trouver.
Le maçon a travaillé hier au soir jusqu'à 10 h pour réparer le corridor, mais le temps n'est pas favorable au prompt séchage. Il y aura encore là bien des journées de peintres & je ne sais réellement pas comment faire, je ne puis pas laisser la maison abandonnée à Victoire seule & impossible de retirer les artistes car Dieu sait si nous pourrions encore les avoir cette année. Il est donc probable que je passerai encore toute cette semaine ici. & que je ne vous retrouverai qu'à Paris à moins que Thérèse ne vienne assez valide pour être le majordome de la place. Pour le moment Messieurs les peintres ne se pressent pas.
Weinbrenner[10] menuisier me promet ses armoires pour la semaine. Je n'ai pas vu le second encore.
Voilà ma chère amie le journal de ma journée bien vide, il ne me reste que te prier d'embrasser tout ton entourage pour moi & toi-même sur tes deux bonnes grosses joues
ton ami Charles
Je n'ai rien entendu ni des Zaepffel[11] ni des Henriet. Léon[12] a passé 2 journées au bord du Rhin Dimanche & Lundi [seul] avec Georges & sa femme[13].
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff.
- ↑ Émilie Mertzdorff.
- ↑ Journée d’élections législatives.
- ↑ Victoire, domestique chez les Mertzdorff.
- ↑ Thérèse Gross, cuisinière chez les Mertzdorff, malade à Guebwiller.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
- ↑ Marie (Mimi) et Émilie Mertzdorff.
- ↑ Gustave, jardinier chez les Mertzdorff.
- ↑ André Weinbrenner.
- ↑ Émilie Mertzdorff et son époux Edgar Zaepffel.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Georges Léon Heuchel et son épouse, Élisa Madelaine Stoecklin.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 23 mai 1869 (C). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_23_mai_1869_(C)&oldid=60049 (accédée le 21 novembre 2024).
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