Jeudi 7 octobre 1875
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 7 Octobre 1875[1]
Mon père chéri,
Nous sommes en ce moment chez Mme Pavet[2] et c’est sur la table de Marthe[3] que je t’écris ; Jeanne Brongniart vient de partir après avoir joué au croquet avec nous pendant une heure. Mon petit père chéri nous voilà donc de nouveau au régime des lettres, si tu savais combien je pense à toi et combien je voudrais être avec toi : si seulement Paris était dans la vallée[4] ! Enfin la seule chose qui nous console c’est que tu nous as promis que dans un mois tu viendrais et jusque-là nous allons travailler avec rage ce qui j’espère fera passer le temps bien vite.
Tu as déjà eu des nouvelles de notre voyage par cette bonne tante[5] qui t’a écrit du cours et tu sais par conséquent que tout s’est parfaitement bien passé et que nous sommes arrivés à très bon port. A 11h toutes nos caisses étaient défaites et nous partions au cours en passant chez Mme Trézel et chez tante Cécile[6]. Nous avons trouvé cette dernière très bien ainsi que Jean[7] qui avait fait la veille son entrée au collège et contre toute attente était enchanté, il avait eu de très bonnes notes et n’avait pas été trop intimidé ; il a déjà composé en orthographe et son professeur a dit à sa mère qu’il serait probablement second ce qui est très beau pour une première fois. Il est en ce moment dans le jardin avec Marthe et Emilie[8] et tous trois jouent au ballon.
Il faut maintenant mon petit père chéri, que je te parle de ce qui nous intéresse le plus c’est-à-dire de mon cours. Il s’est parfaitement bien passé ; nous étions convoquées pour midi et nous avons eu jusqu’à 1h Mlle Viollet qui nous a commencé l’histoire sainte d’une façon extrêmement intéressante ; puis à 1h cela a été le tour de MlleBosvy qui nous a fait [faire] à chacune un problème au tableau ils étaient tous très faciles et je n’ai pas trop déshonoré mon petit père bien chéri, à Mlle Bosvy a succédé Mlle Carlier qui elle aussi nous a fait aller au tableau pour l’analyse, ce qui a été très amusant car Mlle Carlier tout en étant suffisamment sévère est très gaie très entrain et il faut que ça marche. A 3h nous avons eu notre récréation avec les autres et j’ai retrouvé toutes mes chères amies très bien portantes et toujours bien gentilles. Après la récréation nous avons fait une dictée et le cours a été fini comme cela ; la prochaine réunion aura lieu à midi Lundi prochain. Nous sommes rentrées à pied et le soir nous avons eu la famille à dîner ce qui n’empêche pas qu’à 8h ½ nous étions dans notre lit où nous avons dormi sans nous arrêter jusqu’à ce matin 7h ½ heure à laquelle je me suis réveillée persuadée que j’étais encore à Vieux-Thann. Ce matin nous avons rangé nos pupitres puis après le déjeuner nous avons entrepris avec oncle[9] un nettoyage général dans le pigeonnier ce qui nous a occupés jusqu’à 1h. Notre petite colonie s’est augmentée de 4 nouveaux membres pendant notre absence. [Gris] est maintenant au milieu de ses frères sans cependant perdre sa familiarité.
A revoir mon père chéri, j’aurais encore bien des choses à te dire mais Mme Pavet a du papier si petit que je suis obligée de remettre à une autre fois.
Je t’embrasse comme je t’aime c’est-à-dire de tout mon cœur.
Ta fille
Marie
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ La vallée de Thann.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Emilie Mertzdorff.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 7 octobre 1875. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_7_octobre_1875&oldid=42470 (accédée le 15 novembre 2024).
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