Jeudi 3 octobre 1816

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Troyes)


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Jeudi 3 Octobre 1816

J’espère, mon bien bon ami que votre nuit du mardi au mercredi se sera passée très heureusement et que le sommeil sera venu plus d’une fois clore vos paupières, et reposer le corps et l’esprit. Tu auras ouvert le Jury aujourd’hui, j’espère que tu me raconteras comment tu te trouves des gens que tu avec qui tu as à faire et si le préfet[1] te fait une réception agréable. J’espère aussi que tu n’es pas atteint par la migraine.

Ici nous sommes tous bien, et tes deux fils[2] sont d’une vie et d’un remuant qui passe toute idée ; quant à moi j’ai resté avec un peu d’échauffement que je tâche de combattre avec des pilules. Mais je suis fort contente d’être de me retrouver chez moi et je jouis extrêmement de la douce société de ma bonne et aimable amie[3], mais malheureusement qu’elle va me quitter samedi, parce qu’il y aura du monde chez elle dimanche (entre autre une Dame de Carondelet qu’elle ne connaît pas encore) et qu’il faut qu’elle reçoive. Son père[4] viendra la chercher samedi, peut-être M. et Mme Defrance[5] viendront-ils aussi dîner avec nous ce jour-là. J’écrivis un mot hier matin à Say[6] en lui envoyant les papiers que mon frère[7] lui m’avais remis pour lui et je l’engageais à venir dîner vendredi avec M. Guersant mais il ne le pouvait et vint au lieu de cela dîner hier avec nous, Il se trouva seul homme avec quatre femmes, la conversation se soutint très bien, et il n’eut point l’air ennuyé d’une société aussi féminine. Aujourd’hui nous ne dînons que nous trois avec les deux enfants et nous allons un peu sortir ce matin avec le cabriolet. Pour demain je tâcherai d’avoir Ninette[8] à dîner avec M. Guersant, et j’engagerai M. Frat[9] s’il vient travailler dans ton cabinet. Nous le vîmes hier un moment.

J’ai eu dès hier une petite lettre aimable de mon frère, qui me raconte que des lettres reçues le lendemain de notre départ si elles eussent été reçues la veille auraient fait que M. Paul[10] nous aurait accompagné à Paris, et qu’il va probablement y faire une petite course.

M. Guersant n’a été demandé par aucun de tes malades, mais il vint hier matin une lettre de M. Brochant[11] qui te priait d’y passer dans la matinée, alors il y fut et y est retourné ce matin, il a quelques craintes de voir se déclarer une fièvre putride. M. Pitois (je crois que c’est son nom) vint chercher hier les épreuves, et témoigna l’impatience où il serait d’avoir de la copie, et parut un peu contrarié de ce que tu étais absent pour quelques jours. Cependant il paraît compter sur la promptitude de ton travail et ne s’appesantit pas la-dessus.

Mlle de Carondelet me recommande de te présenter ses amitiés accompagnées des choses les plus aimables, elle et moi te prions de faire nos compliments empressés à M. Cloquet[12]. Adieu mon très cher et bon ami, que je jouis excessivement de sentir être mon Constant ami. Je t’embrasse tendrement.


Notes

  1. Le préfet de l’Aube est Claude Louis Bruslé de Valsuzenay. Une première fois, entre 1800 et 1810, Bruslé, fils d'un procureur et député au Conseil des Cinq-Cents, est préfet de ce département. Il est ensuite nommé préfet de l'Oise et l'empereur lui décerne à cette occasion le titre de baron de Valsuzenay (1810). Après un passage à Bordeaux, il est à nouveau nommé dans l'Aube (12 juillet 1815) où il reste jusqu'en 1824.
  2. Auguste et Louis Daniel Constant Duméril.
  3. Suzanne de Carondelet.
  4. François Louis de Carondelet.
  5. Louis Defrance et son épouse Basilice Leguay.
  6. Louis Say.
  7. Michel Delaroche.
  8. Anne Jeanne Louise Torras, dite Ninette.
  9. Probablement Alcippe Frat plutôt que son père Jean Frat.
  10. Paul Delessert.
  11. Hypothèse : André Jean François Marie Brochant de Villiers (1773-1840), membre de l'Académie des sciences.
  12. Hippolyte Cloquet est le secrétaire d’AMC Duméril lors des tournées des jurys de médecine.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p.153-155)

Annexe

 chez M. Pigeotte ou à St Loup
A Monsieur
Monsieur Duméril
Président des Jurys de Médecine
à la préfecture
à Troyes

Pour citer cette page

« Jeudi 3 octobre 1816. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Troyes) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_3_octobre_1816&oldid=61991 (accédée le 21 novembre 2024).

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