Jeudi 25 mars 1875 (B)
Lettre d’Émilie et Marie Mertzdorff (Paris) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Jeudi 25 Mars 1875
Mon bon petit père chéri,
quel bonheur, il n’y a plus que deux jours avant Samedi, qui est l’heureux jour, je l’attends avec impatience ; ce sera si bon de se revoir, de s’embrasser. Il y a si longtemps que nous ne t’avons vu, mon bon petit papa mignon !
Pendant que j’y pense je vais te demander, si tu as encore assez de place dans ton sac, de nous apporter le métronome qui est sur le piano mais surtout ne prends pas un paquet plus considérable pour lui, car cela ne vaut pas la peine et si tu n’y penses pas, ça ne fait pas rien.
Hier nous avons été au cours[1], nous avons fait un concours de récitation mais je n’ai pas bien dit aussi Mlle Viollet était-elle fort ennuyée enfin j’espère être tout de même première mais … c’est … dans le doute … Nous avons encore fait un concours de zoologie et un de mythologie j’espère avoir de bonnes places, cependant j’ai fait quelques petites fautes.
Marie[2] a bien récité elle a fait aussi un concours de cosmographie et un autre d’arithmétique.
Cette semaine nous avons pas mal à faire mais nous avons un cours de moins ce qui nous fait 15 jours pour nos devoirs.
Le jour où nous irons à Montmorency ce n’est pas encore fixé à cause des petits Arnould qui iront peut-être à Sceaux pendant leurs vacances de Pâques on irait peut-être Lundi si cela les arrange.
Mais nous t’aurons alors, et nous délibèrerons ensemble sur ce sujet.
J’ai reçu avec joie ta bonne lettre hier matin elle nous a fait bien plaisir à tous. Je suis bien contente que Annette[3] aille mieux.
Cette après-midi nous irons chez aurons ici Paule[4] et peut être Marie F.[5] mais je n’en suis pas sûre car je l’ai à peine vue hier et nous n’en n’avons pas parlé.
Mlle Bosvyest ici en ce moment, Marie prend sa leçon, ce sera à moi dans 5 minutes.
Mlle Poggi[6] est désolée car Mme Charrier[7] ne pouvant obtenir les prix du relieur a remis sa distribution au Jeudi 8 ou au Dimanche 11 qui sera juste le jour de la réunion de Mlle Poggi tu comprends son ennui. Les demoiselles Lamy, deux de ses élèves, ont retardé leur un voyage qu’elles doivent faire pour Pâques afin d’être là le Dimanche 11. Enfin il faut espérer que la distribution sera le Jeudi. Car elle ne pourrait pas faire manquer les 4 qui suivent le cours et qui tiennent beaucoup à leurs prix (plus qu’à la réunion).
Mardi nous avons été prendre notre leçon chez Mlle Poggi à 1h car elle n’avait pas pu venir le matin.
Mon petit Père, Émilie vient de te quitter pour prendre sa leçon je profite que de ce petit bout de papier pour venir te dire un petit bonjour et t’embrasser encore une fois en attendant l’heureux jour où nous pourrons enfin le faire pour vrai.
Hier nous avons eu un temps splendide quoiqu’il ne fasse pas très chaud. Aujourd’hui le temps est gris et sombre.
Je n’ai pas grand-chose à te dire mon petit père car Émilie t’a déjà narré en détail nos moindres faits et gestes. Ce matin nous avons été à la messe avant le déjeuner, puis nous avons eu Mlle Poggi.
Mardi soir M. Edwards[8] dînant chez M. Chasles[9] nous avons été dîné chez bonne-maman Desnoyers[10] que nous avons un peu vue de cette façon-là. Oncle Alfred[11] est toujours à Nancy mais je crois qu’il reviendra aujourd’hui ou demain.
A revoir mon bon petit père, je n’ai absolument plus rien à te dire si ce n’est que je t’aime beaucoup et comme nous allons être réunis dans si peu de temps je me réserve de t’embrasser et de te causer autrement que sur ce froid papier. J’embrasse de tout mon cœur bon-papa et bonne-maman'[12].
Tes filles
Marie
et Émilie qui m’a donné sa procuration.
Notes
- ↑ Le cours des dames Boblet-Charrier.
- ↑ Marie Mertzdorff, sœur d’Émilie.
- ↑ Annette, cuisinière chez Charles Mertzdorff.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Marie Flandrin.
- ↑ Mlle Poggi, professeur de piano.
- ↑ Caroline Boblet, veuve d’Edouard Charrier.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Probablement le mathématicien Michel Chasles (1793-1880).
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 25 mars 1875 (B). Lettre d’Emilie et Marie Mertzdorff (Paris) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_25_mars_1875_(B)&oldid=60608 (accédée le 18 décembre 2024).
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