Dimanche 8 juillet 1883

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Paris), à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou?)


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Paris 8 Juillet 1883.[1]

Je te remercie mille fois ma chère petite Marie, de m’avoir écrit cette bonne lettre qui nous met si bien au courant de tout ce que vous faites, toi, et ton cher entourage. Il est doux de pouvoir ainsi suivre par la pensée ceux dont on est éloigné et de savoir quelles sont les habitudes et distractions de chacun. La chose très importante c’est d’apprendre qu’on va bien pour la santé, que les nouvelles de M. Alphonse[2] sont satisfaisantes ainsi que celles de M. Froissart[3] et que Jean Dumas ne tardera pas à aller vous retrouver avec sa bonne mère[4] que j’ai eu le plaisir il y a quelques jours. Ici à la rue des fossés Saint Jacques les vieux parents[5] vont bien et notre gentil pensionnaire Robert Comte est un jeune garçon auquel nous nous attachons de plus en plus, ses bonnes manières, son aimable caractère, l’attachement qu’il nous témoigne, tout cela nous charme et nous sommes heureux d’avoir été ainsi à même de le connaître et d’avoir pu rendre service à ses bons parents[6] en lui faisant faire chez nous son second déjeuner. Sa bonne mère et sa sœur aînée Juliette, toutes deux très délicates de santé sont parties depuis un mois pour Sus[7] par ordre du médecin qui veut qu’elles y fassent un séjour très prolongé, pendant ce temps le père, Adolphe Comte, reste à Paris avec ses deux fils Charles[8] et Robert qui sont en plein travail de collège à Louis le Grand. Sa fille Berthe âgée de 16 ans tient le ménage en l’absence de sa mère, fonctions dont elle s’acquitte fort bien, paraît-il, la plus jeune de la famille, la petite Lucie est à Sus. Tu vois, ma chère enfant, qu’il faut savoir bien profiter des bons moments qui sont accordés, car hélas! combien de personnes sont préoccupées et ont de sérieux motifs de l’être. Adèle Devers vient de passer ses examens écrits pour l’admission à l’École de Sèvres, restent ceux oraux pour le 24 de ce mois. Elle est très pâle, très fatiguée, se plaint de douleurs dans le dos, sa sœur Clotilde très souffrante est alitée, sa sœur Louise n’est qu’une ombre. Pauvre Maria Devers[9] combien d’épreuves elle a eues à subir dans ce monde. Que Dieu permette qu’elle ait un jour du repos d’esprit par le raffermissement de la santé de ses filles et par l’éloignement de bien d’autres choses contre lesquelles son grand courage a su toujours lutter.

Mais arrivons à un sujet qui fait plaisir, je veux parler de l’arrivée prochaine à Paris de Marie et d’Hélène[10] se rendant à la Bourboule, elle seront accompagnées de ton oncle Léon qui désire les bien installer, puis notre cher fils[11] partira pour Manchester. Notre excellent parent Henri Delaroche a mis à lui faciliter des rapports en Angleterre une activité et une sollicitude bien touchantes, trouvant le temps de donner des détails comme il aurait pu le faire pour son fils.

Madame Stackler[12] de retour à Vieux-Thann depuis hier, conduira notre petit André soit en Suisse, soit à Hauwald[13]. Une épidémie de diphtérie s’étant manifestée à Wesserling et paraissant gagner les pays environnants, on se hâte de partir.

Hier nous avons eu une bien agréable surprise par la visite de Paul et de Marie[14], ils arrivaient de Saint-Brieuc[15] où ils ont laissé tout le monde en bonne santé, devant repartir Jeudi prochain pour Moulins, ils nous ont promis de venir dîner avec nous Mardi. Adieu ma bien chère et bonne petite Marie, nous t’embrassons bien fort ainsi que tous les membres membres de la chère famille qui t’entoure.

Félicité Duméril

Une bonne lettre de Maria Georges[16] m’est arrivée ce matin Mlle Muller a ton dictionnaire.

J’espère que tu as de bonnes nouvelles des habitants de Bellevue[17].


Notes

  1. Lettre sur papier-deuil.
  2. Alphonse Milne-Edwards en voyage d'exploration scientifique.
  3. Joseph Damas Froissart, plutôt que son fils Damas Froissart, fiancé d’Émilie Mertzdorff.
  4. Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  5. Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril.
  6. Adolphe Comte, époux d'Hélène Taylor.
  7. Sus, commune des Pyrénées-Atlantiques (arrondissement d'Oloron-Sainte-Marie).
  8. Philippe Charles Comte.
  9. Maria Berchère, veuve de Giuseppe Devers et mère de Louise, Adèle et Clotilde Devers.
  10. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril et mère d'Hélène et André Duméril.
  11. Léon Duméril.
  12. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  13. Hauwald en Belgique, près de la frontière avec le Luxembourg.
  14. Paul Duméril et son épouse Marie Mesnard.
  15. Saint-Brieuc où réside la famille Soleil et Eugénie la sœur de Félicité Duméril.
  16. Maria Lomüller, épouse de Georges Duméril.
  17. La famille Baudrillart vit à Meudon, quartier Bellevue.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Dimanche 8 juillet 1883. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Paris), à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou?) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_8_juillet_1883&oldid=59144 (accédée le 27 avril 2024).

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