Dimanche 6 juin 1869 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Desnoyers (Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


Paris Dimanche

Mon cher Charles,

Nous nous réjouissons bien de te revoir Mardi matin. Il nous semble aussi, malgré tous nos voyages, qu'il y a bien longtemps que nous n'avons embrassé le cher bon père.

Je te vois bien occupé aujourd'hui à donner tes ordres à tous. Par ta lettre de ce matin je suis bien au courant de tout ce qui ce fait. M. Bulffer a bien fait de te donner des hommes pour terminer !

En disant un petit mot à Thérèse[1] et à Victoire[2] de ma part, répète bien encore à Thérèse que je tiens à ce qu'elle se repose, et qu'il suffit de sa surveillance pour le moment, qu'il ne faut pas qu'elle fasse de nettoyage, Victoire et la petite Thérèse[3] feront ce que les peintres n'auront pas fait. Que Jean[4] mette notre chambre à l'encaustique à l'essence avant notre retour et autres si la maison est libre.

Je rentre de chez Mme Auguste[5]. J'ai trouvé tout le monde en bonne santé, Mme Félix[6] est avec sa petite fille, pour la journée, à Montataire. On nous invite à dîner pour le jour que nous voudrons ; j'ai répondu que ça te regardait.

Jean[7] ne va pas mal, il court et sort, mais il est tout maigre.

Je viens aussi de voir Mme d'<Auderg>, et j'ai été avec mes petites filles chez Mme Geoffroy[8] qui est bien faible.

Ce matin nous étions à la grand'messe, les enfants[9] ont vu la procession.

Je comprends que tu aies le désir d'aller retrouver ta boutique, les affaires n'allant pas mieux, on est toujours préoccupé.

Adieu, mon cher Ami, un bon bec.

Maman[10] est bien, bien des amitiés à ce pauvre oncle Georges[11].

Un bon bec pour toi

Eugénie M

Les affiches de Jules Favre sont couvertes de petits quolibets au crayon, et des parties arrachées. Peuple français quelle versatilité ! On dirait qu'il lui faut toujours sous la main les éléments d'une petite révolution. C'est là ce que les esprits, avides de liberté, appellent se sentir vivre ! et les autres gobent la mouche....


Notes

  1. Thérèse Gross, cuisinière.
  2. Victoire, domestique chez les Mertzdorff.
  3. Thérèse Neeff.
  4. Jean, domestique chez les Mertzdorff.
  5. Eugénie Duméril, épouse d’Auguste Duméril.
  6. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil, et mère de Marie Soleil.
  7. Jean Dumas.
  8. Pauline Brière de Mondétour, veuve d’Etienne Geoffroy Saint-Hilaire.
  9. Marie et Emilie Mertzdorff.
  10. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  11. Georges Heuchel.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 6 juin 1869 (A). Lettre d’Eugénie Desnoyers (Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_6_juin_1869_(A)&oldid=60024 (accédée le 21 novembre 2024).

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