Samedi 5 juin 1869 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris)

original de la lettre 1869-06-05B pages1-4 et enveloppe.jpg original de la lettre 1869-06-05B pages2-3.jpg


Ma chère petite femme. Tu seras un jour sans lettre, inutile que tu reçoives deux de mes belles proses à ton arrivée à Paris.

Aujourd'hui l'artiste marbrier s'est mis à la besogne, il finira tout pour Mercredi ou Jeudi au plus tard. Bulffer n'en ayant pas l'a fait détacher exprès d'un bâtiment qu'il était en train de faire à Paris, il a fait le voyage tout exprès pour ce travail. Si je n'avais pas tant insisté l'on ne finissait pas cet été.

Lundi l'on commencera les nettoyages de partout.

Par contre le papier rouge n'est pas encore ici ! La chambre de bain ne sera pas achevée avant ton retour ; mais je crois que tout le reste sera tout prêt pour t'éblouir & te retenir (car c'est <poisseux>)

Ce matin j'ai visité l'oncle[1], où j'ai trouvé le docteur[2], le malade est toujours au lit souffrant moins qu'hier, mais encore assez pour ne pas bouger sous les cerceaux dans son lit. Ce qui n'est pas mauvais c'est que le mal vagabonde, sans trop se fixer à une place : ce sont toujours dans les jambes qu'il reste se promenant.

Bon-papa Duméril[3] est venu tout seul passer sa journée ici. il avait donné grande envie à sa femme de l'accompagner ; car elle aussi aurait aimé avoir de vos nouvelles.

Le père est venu avec des plans du projet de chemin communal, nous l'avons fortement modifié, il faut qu'il soit refondu par l'agent voyer. Ce Monsieur a trop poussé au parfait & à la dépense. Le bon-papa aime le beau ! Ce travail est à recommencer maintenant. Nous avons tout naturellement dîné ensemble, bonne cuisine & bons appétits, le père a fait honneur aux talents de Thérèse[4].

Après le café un petit cigare au jardin & une bonne causette des habitants de Launay. Vos oreilles si vous en aviez de très sensibles auraient dû vous tinter très fort. Mais les petites[5] jouent au sable & la grande[6] est absorbée par sa machine à coudre qui fait grand bruit. En fait de machines à coudre, nous avions ici un voyageur qui nous a vendu une machine d'essais. Avec sa machine il fait réellement tout ce qu'il veut ; il a les guides les plus ingénieux qui facilitent le travail d'une manière surprenante. Si Cécile[7] avait été ici, je me serais probablement décidé à en acheter une avec ses accessoires pour vous de la maison. Nous pourrons du reste la voir à Paris.

Le soir j'ai eu la visite du Curé[8] qui est venu pour quelques placements d'argent de l'Eglise & se renseigner sur de mauvais payeurs.

Un peu après, l'un des incendiés[9] qui sort d'ici.

Voilà chérie, ma journée, tu en as le détail, j'oubliais que ce matin je me suis laissé aller à une petite colère bleue qui a effrayé quelques-uns ! Pour le coup, la confession est entière !

Demain je vais faire une partie de la paye. Commencer à me préparer avec mon Dimanche pour mon départ ; penses-tu être prête pour le 17 ou au plus tard le 19 pour <assurer> ta rentrée triomphale. Comme je te le disais, si tu désires rester quelques jours de plus, je prolongerai ici mon carême, quoique je trouve que l'expiation de tous mes péchés est à compter & doit être suffisante… Ta dernière ne me dit rien de ta Mère[10] il me semble que tu parles trop peu des uns & des autres. Ainsi je ne savais pas du tout que petit Jean[11] fut malade. Mais je sais qu'il va mieux. C

En rentrant ce matin de l'Oncle j'ai vu les petites Amies[12] qui vont bien & m'ont chargé de mille choses pour les petites filles & sont impatientes de les revoir.

Samedi matin. Je n'ai plus rien <   >

embrasser <   >


Notes

  1. Georges Heuchel.
  2. François Joseph Conraux.
  3. Louis Daniel Constant Duméril, époux de Félicité Duméril.
  4. Thérèse Gross, cuisinière chez les Mertzdorff.
  5. Marie et Emilie Mertzdorff.
  6. Eugénie, destinataire de la lettre.
  7. Cécile Besançon, bonne des petites Mertzdorff.
  8. François Xavier Hun, curé de Vieux-Thann.
  9. En mai 1869 un incendie a détruit 3 maisons de Vieux-Thann.
  10. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  11. Jean Dumas.
  12. Marie et Hélène Berger.

Notice bibliographique

D’après l’original

Annexe

Madame Mertzdorff

chez Madame Desnoyers

57 rue Cuvier

Paris

Pour citer cette page

« Samedi 5 juin 1869 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_5_juin_1869_(B)&oldid=60026 (accédée le 9 décembre 2024).

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