Dimanche 6 décembre 1874

De Une correspondance familiale



Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1874-12-06 pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-12-06 pages 2-3.jpg


Paris le 6 Novembre[1]

Mon Père chéri,

Il est midi, Émilie[2] étudie son piano, et pour ne pas faire comme Dimanche dernier je viens te faire ma petite visite avant le catéchisme. Merci mon bon petit père pour ces longues lettres que tu nous écris si souvent et surtout pour ce long journal que Mlle Émilie a reçu hier et qui je te l’assure ne lui a pas fait peu de plaisir. Bien que ce ne soit pas signé nous n’en aimons pas moins le rédacteur de cette feuille de compliments et [je t’assure] même que nous l’aimons de toutes nos forces.

Tu dois nous trouver bien paresseuses depuis quelques temps dans notre correspondance mon petit papa, je ne sais pas comment cela s’est fait mais voilà plusieurs fois que nous manquons le jour régulier et il y a aujourd’hui huit jours que moi je ne t’ai pas écrit ; pendant cette année Mme Charrier[3] nous donne réellement bien moins à faire aussi pouvons-nous savoir bien mieux nos leçons.
Depuis qu’Émilie t’a écrit Vendredi pendant la leçon de Mlle Poggi[4] nous n’avons rien fait de bien remarquable.

Samedi matin j’ai eu Mlle Duponchel[5] avec laquelle j’ai terminé ma petite tête. Puis nous sommes comme toujours vite vite parties chez Mme Roger[6]. Où tante[7] nous a laissées pour aller voir Mmes Bureau[8] Brouardel[9] et Vaillant[10] qui depuis deux jours a une petite fille[11]. Nous avons pris comme d’habitude une leçon très amusante. En sortant nous avons été chez sœur Marthe pour une place & et enfin chez bonne-maman Desnoyers[12] où nous avons passé une heure pendant laquelle j’ai étudié mon piano de sorte que je lui ai fait ma visite dans la chambre à côté elle va toujours mieux mais ne pense pas encore à sortir.

Ce matin après la messe nous nous sommes promenées dans la ménagerie[13] avec oncle tante[14] et les Brongniart.
Puis Maintenant  nous sommes dans notre chambre oncle vient de partir chez M. Grandidier[15] où il déjeune et tante nous a montré ce que nous désirions voir depuis si longtemps le superbe livre fait par mère[16] à petite mère[17] pour son mariage. Voilà un souvenir précieux ! Que ces feuilles sont jolies et surtout toutes ces pensées bien choisies ! Cela nous a fait bien plaisir de le voir car maman devait toujours nous le montrer après la première communion d’Émilie[18].
Le temps n’est pas très beau il fait beaucoup de boue et la pluie menace tout à fait par contre il ne fait pas froid.

As-tu des nouvelles des petites Berger[19] j’ai écrit Dimanche à Marie. Mais je dis les petites il me semble que ce nom ne leur convient guère car ce sont maintenant de grandes demoiselles à près de 20 ans tandis que moi je ne suis qu’un pauvre petit demoisillon qui leur doit beaucoup de respect.

On vient de me dire que Mme Dumas[20] est en bas avec Noël[21] ce à quoi je ne comprends rien car je croyais que ce dernier ne pouvait sortir qu’au nouvel an sa mère devait aller aujourd’hui le voir à Saint-Cyr.
Jeanne Pavet[22] va mieux cependant ses clous la retiennent encore à la chambre nous devons aller jouer avec Marthe[23] après le catéchisme et nous emmènerons Jeanne Brongniart avec nous.

Quel bonheur voilà le mois de Décembre entamé et bientôt nous allons te voir mon bon petit père chéri, si tu savais comme je t’aime ! je voudrais pouvoir te le dire mais du reste je crois que tu t’en doutes.

Adieu, mon petit papa mignon chéri que j’aime, je t’embrasse de toutes mes forces le plus que je peux. Émilie me charge de te dire bien des amitiés que ta lettre est ravissante et qu’elle lui a fait un plaisir fou.
ta grande fille
Marie

J’embrasse de tout mon cœur bon-papa et bonne-maman Duméril[24] sans oublier oncle Léon[25].


Notes

  1. Plutôt le 6 décembre 1874.
  2. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. Caroline Boblet, veuve d’Edouard Charrier.
  4. Mlle Poggi, professeur de piano.
  5. Marie Louise Duponchel, professeur de dessin.
  6. Pauline Roger, veuve de Louis Roger, professeur de piano.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. Marie Decroix, épouse d’Édouard Bureau.
  9. Élisabeth Coudray, veuve de Pierre Brouardel.
  10. Henriette Jeanne Hovius, épouse de Léon Vaillant.
  11. Élisabeth Vaillant.
  12. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  13. La ménagerie du Jardin des Plantes.
  14. Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
  15. Probablement Alfred Grandidier.
  16. Eugénie Desnoyers (†), seconde épouse de Charles Mertzdorff.
  17. Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff.
  18. Mais Eugénie Desnoyers - Mertzdorff est décédée avant cette communion.
  19. Marie et Hélène Berger, amies de Vieux-Thann.
  20. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  21. Noël Dumas.
  22. Jeanne Pavet de Courteille.
  23. Marthe Pavet de Courteille.
  24. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  25. Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 6 décembre 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_6_d%C3%A9cembre_1874&oldid=53954 (accédée le 21 novembre 2024).

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