Dimanche 2 novembre 1879

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1879-11-02 pages 1-4.jpg original de la lettre 1879-11-02 pages 2-3.jpg


Marie

Ma bonne grosse chérie ta lettre d’hier m’a fait le plus grand plaisir elle me dit que tu vas mieux, que l’on te permet de donner un peu de mouvement à ta jambe qui me fait espérer que bientôt il ne sera plus question de ce petit accident. Je te remercie bien de tous les moindres petits détails que tu me donnes sur ta santé car tu sais fort bien que toutes mes pensées ne te quittent pas un instant.
Si j’avais pu penser que ma présence puisse être de la moindre utilité, ne serait-ce que pour te distraire un peu sur ta chaise longue je ne serais depuis longtemps plus ici. Mais je commence à avoir le temps long malgré toutes les bonnes lettres, il faut que j’aille voir ma malade chérie je quitterai Jeudi soir voyageant la nuit je compte l’embrasser Vendredi matin.

Hier nous avions une journée d’été, tandis que ce matin une pluie chaude menace de durer quelques jours. Pour le jour de fête d’hier, j’ai dîné chez Léon[1], quoique Marie[2] se soit trouvée dans son lit, c’est sa mère[3] qui a fait les honneurs de la maison. il est vrai que j’étais tout seul.
Marie est couchée sans toutefois être autrement malade, elle est fort gaie. A table Mlle Hélène[4] avait sa place sur les genoux de sa Nounou. la petite personne mange bien de tout avec appétit & se conduit à table comme une grande personne. Il n’en a pas été tout à fait de même une heure après, il s’agit d’aller se promener & avant de sortir, elle en demandait pas mieux la petite malicieuse au lieu de dire adieu nous dit, j’ai fait pipi en se sauvant, le fait a été vérifié & les traces au salon étaient trop visibles pour ne pas ajouter foi à son dire.

Le soir j’avais rendez-vous avec sœur Bonaventure qui est occupée de son pont & me force à lui payer sinon tout, ce que je crains, (1 200 F) au moins la couverture.
De là chez les Dames Piquet[5] qui sont malades.
Thérèse[6] est un peu souffrante, elle a un abcès je ne sais trop où, mais qui la gène beaucoup, profitant de son jour de fête elle est, sur les indications de sœur Bonaventure restée couchée, Emilie[7] lui faisant force cataplasme, la [mach.] est ouverte de sorte que la voici de nouveau sur pied, impossible de la retenir dans son lit. la sœur qui est compétente & a vu la chose, m’a parfaitement rassuré de sorte que le Médecin était inutile, ce sera encore pour un ou 2 jours & tout sera fini, sauf la purge que nous aurons bien du mal à lui faire prendre.

Il paraît que Juliette[8] continue à reprendre un peu mais c’est long & sera encore long, d’autant que nous entrons dans la mauvaise saison peu faite pour remettre ces sortes de maladies. Enfin le père est un peu rassuré. Au moulin l’on reçoit très régulièrement toutes vos lettres presque en même temps que moi, car bon-papa est a peu près toujours là a 11 ½ lorsque je reçois votre lettre. L’on va tout à fait bien.

La grande nouvelle de ce matin est que notre soi-disant vin s’est enfin décidé à entrer en fermentation, ce qui nous donne l’espoir d’avoir une boisson pour nos ouvriers, qui ne seront pas trop difficiles cette année.

Je compte t’écrire encore avant mon départ & je t’assure que je me réjouis bien d’aller vous trouver le matin dans votre chambre. Il ne fait pas froid & je puis bien me risquer la nuit sans inconvénient, j’aurai ainsi encore le plaisir de rencontrer encore Mme Dumas[9] & Jean avant leur départ fixé au 15 environ.

Tu voudras bien embrasser ta tante & ton oncle[10] pour moi sans oublier ta sœur[11] & Marthe[12] & pour toi recevoir mes meilleurs baisers
ton père
ChsMff
Dimanche Midi 2 9bre 79.


Notes

  1. Léon Duméril.
  2. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  3. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  4. Hélène Duméril.
  5. Joséphine et Adèle Piquet.
  6. Thérèse Neeff, employée par Charles Mertzdorff.
  7. Probablement Émilie Sussenthaller.
  8. Juliette, employée au Moulin par Louis Daniel Constant Duméril (« bon-papa ») et son épouse Félicité ?
  9. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et mère de Jean Dumas, qui doit passer l’hiver à Cannes.
  10. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  11. Émilie Mertzdorff.
  12. Marthe Pavet de Courteille.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 2 novembre 1879. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_2_novembre_1879&oldid=39467 (accédée le 12 décembre 2024).

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