Dimanche 27 décembre 1903

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Dimanche, 27 Xbre[1]

Ce sont des remerciements sans fin que je t’adresse, ma petite Mie, pour toutes les bontés que tu as eues pour Jacques[2]. J’apprends que tu es allée le voir Mercredi et que c’est toi qui t’es chargée de le prendre et de le ramener Vendredi, que tu l’as eu à dîner et qu’il te doit enfin une heureuse fin de journée de Noël.

Les jours de fête lui paraissent toujours très tristes à passer loin de nous, je comprends ce sentiment. Enfin demain soir nous aurons la réunion complète.

J’ai reçu hier une lettre de notre chère Marthe[3] toute débordante aussi de reconnaissance pour toi, ma chérie. Mon Dieu que tu es bonne, comme tu sais toujours faire du bien à tout le monde, chaque fois qu’on parle de toi c’est pour te bénir. Quelle bonne idée tu as eue de mener la pauvre Marthe chez M. R.[4] on voit que cela lui a fait un bien énorme. Nous avons eu toutes les deux la même pensée, en la voyant triste, lui donner un nouvel élan vers le bon Dieu. Pauvre petite, même là, peut-être, elle ne trouve pas les mêmes consolations et le même soutien que nous, mais il me semble qu’on peut l’y aider et je suis tout à fait heureuse qu’elle ait pu vraiment causer avec M. Rataud.

Damas[5] est à Campagne où il ferme la chasse à Brunehautpré aujourd’hui, n’étant pas libre de la clôturer Dimanche prochain. Cela l’ennuyait de partir, mon pauvre mari, et j’ai dû lui présenter comme un devoir particulièrement important cette année de ne point supprimer cette clôture de chasse où il invite ordinairement le Conseiller Général[6], notre maire[7] (devenu depuis député), l’adjoint[8], le notaire[9], le percepteur et autres fonctionnaires de Campagne que nous n’aimons pas à recevoir quand je suis là-bas. Je trouve que, pour arriver à avoir une petite influence, il faut commencer par ne froisser personne et ne pas se faire d’ennemis, on est toujours si disposé à être jaloux de ceux qui ont des propriétés et des chasses gardées ! mais je comprends que cela n’amusât pas Damas.

Le genou de Pierre[10] va mieux mais il est encore au lit pour un ou deux jours ; je pense que tu as connaissance de la chute qu’il a faite Mercredi au collège : on a [craint un] épanchement de synovie mais il n’y en a pas et c’est seulement une forte contusion.

Je vais bien mieux et suis sortie quelques minutes à pied hier et aujourd’hui. Si je ne suis pas tout à fait bien après demain, je retournerai à Lille pour me faire cautériser la gorge, seulement cela me vaut une journée presque sans parole et assez désagréable et je trouve cela gênant pendant [  ]. Mais je suis sûre que ce serait un remède radical.

Adieu ma bonne petite Marie, et encore merci. Je t’embrasse avec toute ma vieille tendresse.

Émilie

Dis-moi donc ce que tes enfants désirent pour leurs étrennes. Françoise[11] aime souvent les avoir en nature. M. Th.[12] a-t-elle une fourrure ? Quant à Jeanne[13], j’ai envie de cumuler les étrennes avec mon cadeau de grand-tante et de lui donner plus tard sa belle pelisse, à moins qu’elle préfère autre chose.

Notes

  1. Lettre possiblement du 27 décembre 1903 (allusion à la future naissance en 1904 de Marguerite du Cauzé de Nazelle ?).
  2. Jacques Froissart, pensionnaire à l'École Sainte-Geneviève.
  3. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
  4. Joseph Bernard Gabriel Rataud, prêtre.
  5. Damas Froissart.
  6. Charles Guyot (Laligant), conseiller général de 1886 à 1920.
  7. Victor Morel.
  8. Joseph Moitier.
  9. Probablement Émile Leroy.
  10. Pierre Froissart.
  11. Françoise de Fréville.
  12. Marie Thérèse de Fréville.
  13. Jeanne de Fréville, épouse de René du Cauzé de Nazelle. Sa fille Marguerite du Cauzé de Nazelle naîtra le 22 juin 1904.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Dimanche 27 décembre 1903. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_27_d%C3%A9cembre_1903&oldid=56632 (accédée le 21 novembre 2024).

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