Dimanche 19 juillet 1874
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Dimanche
19 Juillet 74.
Mon Père chéri,
Il me semble qu’il y a bien longtemps que ce n’est moi qui t’ai écrit. Il fait une chaleur étouffante c’est affreux aussi ne sommes-nous pas sortis et flânons horriblement heureusement que c’est Dimanche.
Nous parlons sans cesse du bord de la mer tant nous nous réjouissons de partir oncle[1] voulait absolument que l’on commençât les paquets aujourd’hui mais tante[2] trouve que 15 jours à l’avance c’est un peu tôt.
Quel bonheur de partir. Le jour du départ est fixé à Samedi 1er Août c’est décidément à Port-en-Bessin que nous allons Mme Blum ayant bien voulu expédier le facteur. Malheureusement ce pauvre petit oncle ne pourra venir nous trouver que 6 ou 7 jours après notre arrivée car il a un concours à l’école de pharmacie qui n’ouvre que le 1er.
Hier c’était une journée de leçons à huit heures Mlle Duponchel[3] avec laquelle j’ai fait des fruits que je viens de terminer et qui m’amusent beaucoup. Puis à midi nous avons été chez Mlle Bosvy parce qu’à 2 h nous devions être chez Mme Roger[4] et qu’il fallait être tout près pour faire le trajet en 5 mn.
Je suis partie seule avec tante et Mlle Bosvy a mis Émilie[5] à la porte en passant ¼ plus tard. Puis nous avons été voir Mme Trézel[6] qui a sa mère[7] chez elle. puis chez Mlle Poggi[8] que nous devions aller voir depuis la 1ère communion d’Émilie.
Il me semble qu’il y a déjà un siècle de tout cela (1ère communion et confirmation) que je me réjouis de te revoir mon papa chéri tu ne saurais croire avec quelle impatience j’attends ce mois d’Août où nous serons tous ensemble et en vacances plus que deux cours[9]. Quelle paresse n’est-ce pas ?
Je compte beaucoup m’amuser Mardi à Versailles car je ne connais pas le château et je meurs d’envie de savoir comment est la chambre.
Par malheur ces demoiselles Masterson[10] qui devait partir Lundi remettent d’un jour mais tante est déjà arrangée avec Mme Buffet[11] et nos professeurs de manière que nous irons tout de même.
Demain Lundi grande partie de bain froid avec Marie Flandrin, Marthe[12], Jeanne[13] Mme Brongniart[14] et Jean[15] tout cela dans le grand bain.
Maintenant mon petit père chéri que je te fasse toutes mes excuses pour cette horrible lettre qui n’a pas de sens et qui ne renferme presque rien puisque j’ai pris ma grosse écriture. Je t’embrasse bien bien fort mon petit papa mignon je voudrais tant te dire quelque chose de bien aimable pour te prouver combien je t’aime. J’espère que tu vas tout à fait bien je t’en prie soigne-toi bien.
Mille baisers à tous ceux qui t’entourent
Ta fille qui est encore bien bébé.
Marie
Notes
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Louise Duponchel, professeur de dessin.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Probablement Louise Ida Martineau, épouse d’Antoine Camille Trézel.
- ↑ Ida Marie Malgrange, veuve de Henri Jean Baptiste Martineau.
- ↑ Mlle Poggi, professeur de piano.
- ↑ Le cours des dames Boblet-Charrier.
- ↑ Amélie Masterson et sa sœur, cousines anglaises.
- ↑ Marie Pauline Louise Target, épouse de Louis Joseph Buffet.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Probablement Jeanne Brongniart, plutôt que Jeanne Pavet de Courteille.
- ↑ Catherine Simonis, épouse d’Edouard Brongniart.
- ↑ Jean Dumas.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 19 juillet 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_19_juillet_1874&oldid=62190 (accédée le 18 décembre 2024).
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