Mardi 14 et mercredi 15 juillet 1874

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1874-07-14 pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-07-14 pages 2-3.jpg


Mardi Soir 14 Juillet 74.

Ma chère Marie.

Je ne devrais plus te parler de ma santé, je vais tout à fait bien, l'appétit est excellent & c'est à peine si je tousse encore.

Aussi étais-je cet après-midi avec M. Berger à une réunion de Cernay à 4 h & comme j'ai fait suivre ma voiture j'ai pu quitter avant les autres Messieurs qui sont venus des fonds de la vallée de St Amarin, Masevaux, Guebwiller etc. à Cette réunion l'on s'est entretenu de projets de chemin de fer.

Ce matin je me suis levé de bien bonne heure aussi à 6h j'avais déjà fini mes 4 verres d'Eau de Pulna[1], que je ne regrette pas, car je me sens réellement bien mieux que ces derniers 15 jours. Demain matin à 6h je recommencerai mes bains ; il est temps, si je veux encore prendre quelques bains avant d'aller vous rejoindre.

J'ai dû dire à M. Berger que nous n'avions pas encore de gîte à la mer. il va écrire à St Quay pour se faire préparer des chambres.

M. Baudry[2] qui revient de la Suisse nous disait qu'il y avait tant de monde, surtout des allemands, & juifs (ils le sont tous !) qu'on a peine à trouver à se loger, quoique chaque année les hôtels augmentent en nombre.

A Wattwiller même, il n'y avait plus de place & l'on est généralement content de M. Lehmann. Ce qui me fait penser que je dois encore cette semaine aller voir ce Monsieur & lui demander une petite <somme> qu'il me doit, suivant l'arrangement fait il n'y a pas longtemps.

Les affaires reprennent un peu voilà Morschwiller qui reçoit pas mal de marchandises & a la perspective d'avoir du travail pour quelques mois.

Ici aussi il y a pas mal à faire, heureusement peu pour les Allemands. Comme par toute l'Europe, la récolte sera très belle, l'on espère que le bien-être reviendra avec cette abondance.

Ce matin j'étais chez tante Georges[3] lui porter un peu tardivement les portraits des Enfants Bonnard[4], je l'ai trouvée dans le plus profond négligé, écossant des petits pois. Elle va bien & attend son mari demain soir.

Je n'irai pas à Mulhouse demain, j'en avais un peu l'intention, mais comme je n'ai rien de pressant à y faire, je remettrai à 8 jours.

Nous avons eu tant d'ennuis avec les ouvriers sur les prés, que pour l'année prochaine & pour cet automne, si possible, il me faudra les outils nécessaires pour le faire avec machines & il me serait possible d'en voir à Mulhouse où il y en a en un dépôt, tu vois que cela ne presse pas.

Vous ai-je dit que j'ai une lettre des Zaepffel[5], ils sont bien installés à Saxon dans le nouvel hôtel ; mais enfin à peine arrivé, que l'on compte les jours pour rentrer à Colmar, qui est & reste le point d'attraction de ces chers amis.

Je ne sais rien des Kestner[6]. Mme Scheurer est à Thann mais je ne l'ai pas encore rencontrée. Son mari était ici il y a 2 jours, y est peut-être encore. fin du mois il paraît que chacun sera rentré dans sa maison de Thann ce qui donnera un peu de vie au pays.

Du village même je n'ai rien à vous parler Mlle Marie Berger se trouve bien de son séjour dans les montagnes elle rentre avec sa mère[7] la semaine prochaine.

En somme j'étais mal entrain ces derniers jours, & j'aurai à me dépêcher si je veux encore faire quelque chose avant mon départ. En fait de départ s'est-on déjà fixé le jour ? l'Oncle[8] peut-il de suite vous accompagner ? ou faut-il encore qu'il reste un peu pour ses examens ? C'est Port en Bessin ? Dès que tu sauras quelque chose de décidé tu voudras bien me le dire.

Je suis bien heureux de recevoir vos bonnes lettres & voir surtout que les santés sont bonnes ; que l'on ne perd pas son temps, tant pour le travail, que pour les plaisirs & me réjouis bien de voir mes Canards[9] dans l'Eau de mer. Je vais me coucher, demain à 5 h il s'agit de prendre son bain. bonsoir jusqu'à demain matin.

Encore un bonjour ce matin. Je me sens parfaitement bien après mon bain & ne tousse plus du tout. C'est donc chose finie dont je ne parlerai plus. Malgré ces chaleurs tout reste très vert & le Jardin est bien beau. Ma tante[10] trouve un petit Paradis dans son Jardin.

Par Léon[11] je sais qu'à Morschwiller l'on[12] va bien ; J'aurais dû y aller aujourd'hui mais j'étais trop paresseux.

Embrasse bien bien fort Emilie pour moi je pense lui écrire sous peu car j'ai grande envie de l'embrasser moi-même. De ton père amitié à tous & pour toi un bon bec.

Charles Mff.


Notes

  1. L’eau minérale puisée à Pulna en Bohême contient sulfates et magnésie ; elle est largement exportée et utilisée dans les affections intestinales.
  2. Probablement Charles Baudry.
  3. Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel (qui est à Vichy).
  4. Charles, Pierre et Andrée Bonnard.
  5. Emilie Mertzdorff et son époux Edgar Zaepffel.
  6. Céline Kestner et son époux Auguste Scheurer-Kestner.
  7. Joséphine André, épouse de Louis Berger.
  8. Alphonse Milne-Edwards.
  9. Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
  10. Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
  11. Léon Duméril.
  12. Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 14 et mercredi 15 juillet 1874. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_14_et_mercredi_15_juillet_1874&oldid=51579 (accédée le 21 novembre 2024).

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