Dimanche 14 décembre 1873
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 14 Décembre[1]
Mon bon petit père,
Comme c'est aujourd'hui Dimanche j'espère pouvoir causer un peu tranquillement avec toi car depuis quelques temps ce ne sont plus des lettres que je t'envoie mais des petites horreurs.
Aujourd'hui nous[2] avons été à la messe de 8h puis suivant la règle le jeu avec Jeanne et Charles[3] puis déjeuner. Jusque-là tu vois que nous n'avons rien fait de bien extraordinaire. En remontant j'ai fait mes devoirs d'allemand puis nous sommes sortis avec oncle et tante[4] à midi. Nous avons laissé oncle au Panthéon où nous avons eu le sermon, en rentrant quelle ne fut pas notre surprise de voir Mme Dupoirieux[5] et sa fille[6] qui sortaient d'ici tu juges de notre joie ; vite nous sommes montées et sommes restées avec Pauline jusqu'à 3 h et demie ce qui tu penses bien nous a fort amusées. nous avons parlé du cours[7] et de nos devoirs & & nous n'étions pas embarrassées.
Sitôt son départ j'ai un peu flâné puis me suis mise à t'écrire mais on vient de faire monter M. Delapalme et sa petite fille[8] de sorte que je crois que tante va nous appeler et que je ne suis pas là pour bien longtemps.
Hier comme je te le disais dans ma lettre nous avons été chez Mme Roger[9] où nous avons eu chacune une ½ heure de leçon. Je crois que Mme Roger a trouvé quelque progrès et elle nous a dit que nous tenions cent fois mieux notre main ce qui fait toujours plaisir. Avant nous avions été porter nos vieux gros affreux manteaux rue Cassette au couvent où tante fait faire ses robes afin qu'on tâche de nous les arranger un peu car tels qu'ils sont nous ne pouvons pas sortir avec et c'est dommage de mettre toujours les neufs. Après notre leçon de piano nous avons été au petit St Thomas[10] où nous sommes restées fort longtemps d'abord regarder pour les rideaux de Mme Pavet[11] puis des robes pour les bonnes && enfin toutes ces ennuyeuses courses du jour de l'an nous avons rencontré Mme Des Cloizeaux dans ce magasin elle nous a dit qu'elle venait d'écrire à Mme Charrier[12] pour la Clef de la Science[13].
En sortant nous sommes allées chez Mme Arnould[14] qui est ici depuis quinze jours son père[15] est très malade elle n'était venue que pour le voir quelques jours. Mais le médecin lui a dit de rester hier M. Baltard allait un peu mieux. Mme Arnould a laissé toute sa famille à Reims
Nous venons de voir Geneviève qui est bien drôle je t'assure, elle nous a raconté tout ce qu'elle faisait.
Je ne sais si je t'ai dit que le petit Bureau[16] allait tout à fait bien.
La candidature de ce pauvre oncle[17] va peut-être encore être remise de huit jours en ce moment il est en tournée de visites.
Le froid diminue depuis deux jours mais du reste il n'a jamais été excessif et la glace n'aurait pu supporter des patineurs.
Sais-tu si le tabouret d'Emilie a été envoyé à bonne-maman Duméril[18] ?
Adieu mon père chéri, je t'embrasse bien bien fort. Emilie se joint à moi pour te dire que nous attendons Noël avec bien de l'impatience
ta petite
Marie < >
Tante et oncle me chargent de bien des amitiés pour toi.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Marie associe sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Charles et Jeanne Brongniart.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
- ↑ Maria Prévot, épouse de Charles Nicolas Dupoirieux.
- ↑ Pauline Dupoirieux.
- ↑ Le cours des dames Boblet-Charrier.
- ↑ Geneviève Delapalme, fille d’Emile Delapalme.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
- ↑ Le Petit Saint-Thomas est un magasin de nouveautés, situé rue du Bac.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Caroline Boblet, veuve d’Edouard Charrier.
- ↑ La Clef de la science, ou les Phénomènes de tous les jours expliqués, par le Dr Ebenezer Cobham Brewer (1810-1897), édition revue et corrigée par M. l'abbé François Moigno (1804-1884), Paris, 1865.
- ↑ Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
- ↑ Victor Baltard.
- ↑ Joseph Bureau.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards présente sa candidature à l’Institut.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 14 décembre 1873. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_14_d%C3%A9cembre_1873&oldid=42425 (accédée le 21 novembre 2024).
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