Dimanche 10 mars 1918

De Une correspondance familiale

Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering)

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Reçu le 13.3.1918
Répondu le 18 Mars 1918

Dimanche 10

Mon cher Monsieur Meng,

Je suis désolé d’apprendre que la Situation actuelle crée quelque Nervosité dans la population : Je suis convaincu que c’est à tort et que les événements ne justifieront pas cette inquiétude. Il faut tâcher de remonter le Moral de ceux qui en auraient besoin. C’est avant tout notre rôle.

Moteur Gros  Roman. En présence de l’Insistance de ces messieurs je suis d’avis de leur donner satisfaction parce que j’aurai moi-même un service à leur demander et en somme comme il s’agit presque d’un service public il est possible qu’on finirait par nous en réquisitionner un. Bien entendu, sous prétexte de vous couvrir personnellement à mon égard vous fixerez par écrit d’accord avec ZWingelstein les conditions de la fourniture.

Pour ce qui est des archives, etc., c’est précisément le service que je vais demander aux Gros  Roman que je tâcherai d’aller voir demain.

Je ne vois pas très bien le moyen de déménager éventuellement le tout (à moins que vous-même trouviez une solution à Remiremont ou Epinal). Mais on pourrait faire des Caisses des conserver avec ses propres archives quoi qu’il arrive. Voyez-vous autre chose ?

Je ne suis pas d’avis, après lecture de la lettre d’Hochstetter, d’écrire au séquestre, afin de ne choses les plus importantes et qui ne sont pas d’un usage Courant et prier Gros  Roman de les pas soulever de question inopportune. C’est une question dont M. Hochstetter entretiendra le séquestre verbalement lorsqu’il ira à Lyon. Il tâtera le terrain sans avoir l’air d’y attacher de l’importance et s’arrêtera immédiatement s’il voit que le Séquestre fait la grimace. Je vous prierai de me transmettre la réponse du président de la Commission départementale aussitôt que vous l’aurez. Si elle convoque Hochstetter, ce sera pour lui l’occasion cherchée d’aller à Lyon. Si elle ne le convoque pas, et oppose un refus j’enverrai tout de même Hochstetterà Lyon pour débrouiller la question.

Absolument d’accord pour donner à Wilb l’indemnité de tranchée de 1 F par jour ou même plus tant qu’il sera au Moulin.

Pour ce qui est des cessions à l’administration (SPA n°5 ou autre établissement militaire) de moteurs électriques ou autres répondez négativement sous prétexte que nous sommes obligés de conserver le Matériel pour la reprise du travail, mais inclinez-vous toujours devant une réquisition sauf pour le Cas de machines par trop spéciales où il y aurait lieu d’insister et d’exposer par écrit et par lettre recommandée à l’administration requérante l’embarras où elle peut nous mettre. J’aurais préféré garder l’essoreuse.

Il n’y a pas d’hésitation à avoir, louez le magasin Schlosser.

D’accord aussi avec les propositions de ZWingelstein pour matériel divers à Mettre à l’abri.

Bon courage, à vous et tout votre entourage, mon cher Monsieur Meng,

Cordialement à vous,

GP

A l’instant m’arrive votre lettre du 6.

Pour ce qui regarde les réquisitions, il n’y a qu’à attendre la réponse du Ministre[1] ; je suis d’ailleurs décidé à pousser l’affaire aussi loin qu’il le faudra pour avoir une réponse ferme.

Quant à l’affaire de Lyon, vous allez inviter M. Hochstetter à aller à Lyon. Il verra le Séquestre, le président du Tribunal, le procureur et s’il le faut le président de la commission.

Il m’enverra une fois arrivé (il faudra qu’il tache de l’avoir par le séquestre) la date de la lettre par laquelle le Ministre (et quel Ministre et quel bureau du ministère) nous a autorisés à Comparaître devant la commission. Je compte en effet écrire au Ministre si M. Hochstetter n’aboutit pas à Lyon.

Dès à présent vous allez écrire une lettre très courtoise au Minis au président de la Commission en lui disant que nous regrettons d’autant plus sa décision qu’elle est en contradiction avec celle qui avait été prise par le Ministre, qu’il ignore sans doute le fait et que notre fondé de pouvoirs à Lyon l’entretiendra de la question.

M. Hochstetter pourra savoir à Lyon l’opinion de M. Miramond[2] sur les prix qui ont été admis par la Commission départementale.

Au fond, la seule chose à laquelle je tiens dans tout cela c’est avoir en mains la preuve que nous avons tout fait pour faire vendre la marchandise à sa valeur. M. Hochstetter devra donc confirmer par écrit ses diverses visites à Lyon et tâcher d’avoir chaque fois une réponse (positive ou négative).

Je prie M. Hochstetter de hâter son départ pour Lyon. Je suis ici pour une quinzaine encore. Je voudrais avoir sa réponse en suite de ses visites à Lyon avant mon départ, de même son impression au sujet des prix admis par la Commission départementale.


Notes

  1. Probablement Louis Loucheur, ministre de l'Armement, des fabrications de guerre et de la Reconstruction industrielle du 12 septembre 1917 au 28 novembre 1918.
  2. Joseph Jean Marie Miramond de Laroquette.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 10 mars 1918. Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_10_mars_1918&oldid=39291 (accédée le 20 avril 2024).

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