Vendredi 4 mai 1866
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (restée à Paris dans sa famille)
Amie chérie merci pour ta bonne petite lettre qui ne contient que du bon.
Je viens de demander à Müller[1] Pharmacien l’ordonnance Conraux que je t’envoie. J’en ai pris copie de sorte que maintenant nous n’aurons plus besoin d’ennuyer le Docteur.
Content d’être rentré, comme Maman[2]. Je n’ai rien trouvé d’ennuyeux à Vieux-Thann. Mais Gorges[3] me dit en arrivant, qu’à Morschwiller, le Père Buisson, l’un de mes Contremaîtres, en voulant aller avec la petite Pompe à Incendie 20 h. etc. .... au feu à l’usine voisine[4] est tombé de voiture & s’est cassé je ne sais quels os dans l’épaule. Cet accident est arrivé Lundi ou Mardi, je n’ai aucun détail. Cependant il est couché à Mulhouse chez les Diaconesses, où il est très bien soigné. Mercredi au dire de Mme Duméril[5] il n’avait pas de fièvre. Je crains beaucoup car le docteur prétend que l’épaule est fracturée en 3 endroits, il y aurait ainsi grand danger, pour le moins de rester estropié.
Le père Troncy ne va pas trop bien non plus ; de sorte que Léon[6] est privé de ses 2 principaux contremaîtres.
La politique prusse italienne arrête toutes les affaires, à partir de la semaine prochaine nous ferons 2 cuves de moins.
J’ai trouvé en rentrant Thérèse[7] cuisinière prête à s’en retourner chez elle, étant venu la veille ne me trouvant pas. Gorges ne pouvait pas lui dire si je reviendrais, de suite, elle était sur le point de rentrer à Guebwiller si ma dépêche à Gorges n’était pas venu l’arrêter < > Vieux-Thann.
Il est convenu avec Maman que :
Vu la volonté de la cuisinière Catherine[8] de Maman.
vu la maman a jugé à propos qu’elle dînerai seule chez elle, moi chez moi de même pour le déjeuner, que pour le souper au contraire, nous souperons chez elle.
Je n’en suis pas fâché, je reste plus libre & ne mettrai pas autant de temps à manger Table.
En rentrant hier, & surtout en me couchant, j’ai trouvé la maison bien triste, & de biens tristes souvenirs m’ont assailli car c’était comme autrefois[9]. Je serai le moins possible dans la maison, de sorte que je ne sentirai pas autant cet isolement de quelques jours.
Alphonse[10] est occupé à sortir les plantes de sa serre, qui est magnifique notre jardin est très beau s’il n’en < > le vert est si beau, les arbres sont resplendissants. Le gazon de même, je n’y ai encore passé que 5 minutes.
J’ai passé une très bonne nuit me suis levé dès 6 h. du matin, pour repasser les affaires au Bureau avant l’arrivée des jeunes gens[11].
Comme tu sais je suis content très content du chiffre d’affaires fait le mois passé !
Mais je comptais que Morschwiller ferait beaucoup plus. Il n’y a pas progrès comme tu vois, & il me tarde de pouvoir prendre un parti.
Je t’embrasse comme je t’aime toi & enfants[12].
Charles Mertzdorff
4 Mai 66
Je rouvre la lettre ayant oublié d’y mettre l’ordonnance.
Notes
- ↑ Thiébaud Julien Müller.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.
- ↑ Georges Heuchel, oncle de Charles.
- ↑ La fabrique d’indiennes d’Édouard Hofer.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Léon Duméril, fils des précédents.
- ↑ Thérèse Gross.
- ↑ Catherine Ritzenthaller.
- ↑ Charles est resté seul avec ses petites filles après le décès de sa première épouse, Caroline Duméril.
- ↑ Alphonse Payot, jardinier chez les Mertzdorff.
- ↑ Léon Duméril et Georges Léon Heuchel, fils de Georges.
- ↑ Marie et Émilie Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 4 mai 1866. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (restée à Paris dans sa famille) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_4_mai_1866&oldid=60103 (accédée le 8 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.