Vendredi 25 avril 1879
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 25 Avril 1879
Mon cher Papa,
Vite un petit bonjour avant d’aller m’habiller ; nous[1] nous sommes si bien livrées aux beaux-arts ce matin qu’il est midi et que nous n’avons pas encore trouvé une minute pour t’écrire ; dans un instant nous allons partir pour la réunion de Mlle Viollet puis il y aura le cours de chant, dernière répétition avant la matinée, c’est très grave.
Hier nous avons eu une journée des mieux remplies : j’ai commencé par me lever de très bonne heure pour achever ma mon dernier dessin de fleur ; puis après le déjeuner j’ai eu ma fameuse leçon de M. Beauregard[2] qui me faisait très peur d’avance mais dont je suis enchantée maintenant ; il n’a pas été mécontent de mon travail et m’a tout de suite fait commencer à peindre cela m’a beaucoup amusée, il donne parfaitement ses leçons expliquant le pourquoi de tout, montrant bien comment il faut s’y prendre, et sa brusquerie qui m’avait tant effrayée a disparu. J’ai deux fleurs à peindre pour la semaine prochaine et je vais y travailler avec ardeur. Il m’a engagée à aller au cours et il m’y fera dessiner des fleurs d’après nature ce qui me tente beaucoup. Dans l’après-midi nous avons été chez bonne-maman[3] qui ne va pas trop mal mais est toujours bien faible et fatiguée puis chez Mme Pavet[4], chez Mme Dumas[5] [atteindre] des rideaux et car elle arrive dans les 1ers jours de la semaine prochaine et enfin chez Jeanne B.[6] qui allait très bien mais qui vient encore d’être reprise de fièvre sans cependant avoir aucune vraie maladie, on lui recommande beaucoup de repos, surtout le soir à l’heure où la fièvre la prend aussi nous ne l’avons pas vue ; c’est bien ennuyeux et ses parents[7] se tourmentent ; voilà plus de 3 semaines qu’elle traîne ainsi.
Pour finir cette journée nous avons été au concert de Mme Roger[8] où nous avons eu la chance de nous retrouver à côté de Mme Arnould[9] et de ses fils[10] ; Mme R. a parfaitement joué elle a vraiment bien du talent ; sa chanteuse lui a manqué au dernier moment mais elle a fini par trouver une autre personne de bonne volonté ; presque toutes ses élèves y étaient aussi on se retrouvait en pays de connaissance, nous nous sommes beaucoup amusées.
Pauvre père chéri, quelle sale lettre je t’écris, et penser qu’elle va être recommandée ! j’aurais dû prendre ma plus belle écriture pour mériter un tel honneur ; oncle[11] m’a remis ce matin ce papier[12] pour toi, je pense que tu sais ce qu’il en faudra faire.
Adieu Papa chéri chéri je t’embrasse au galop aussi fort que je t’aime. Je t’ai écrit en 12 minutes !
Notes
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Ange Louis Guillaume Lesourd-Beauregard.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Jeanne Brongniart.
- ↑ Edouard Brongniart et son épouse Catherine Simonis.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
- ↑ Paule Baltard épouse d’Edmond Arnould.
- ↑ Edmond (fils), Louis et Marcel Arnould.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Papier absent des archives.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 25 avril 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_25_avril_1879&oldid=42547 (accédée le 15 novembre 2024).
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