Vendredi 19 décembre 1879
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 19 Décembre 79
Mon cher Papa,
Tu devines n’est-ce pas tout le chagrin que nous a fait ta dernière lettre ; nous sommes bien tristes en pensant à la maladie si grave de notre pauvre oncle[1] et tristes aussi en songeant que nous n’allons pas te voir. Si tu savais comme nous pensons à toi mon petit Père chéri ! En voyant surtout le beau soleil que nous avons en ce moment nous ne pouvons nous empêcher de souhaiter que tu viennes nous faire une toute petite visite, même ne restant pas longtemps on se retremperait un peu ensemble pour le commencement de l’année et vraiment ce serait bien bon. Voyageant de jour et bien couvert il me semble que tu ne souffrirais pas trop du froid ; mais tout cela ne peut être réglé par nous, il n’y a que toi mon petit Père qui puisses savoir si tu ne pourrais pas te permettre cette petite absence, l’état du pauvre oncle pouvant peut-être se prolonger longtemps encore et surtout Jules[2] devant passer quelque temps auprès de lui.
Ici l’on va bien maintenant, oncle[3] s’est levé ce matin pour le déjeuner et recommence à bien manger, mais il n’a pas encore retrouvé toutes ses forces et aujourd’hui il ne sortira pas. Hier comme Émilie[4] te le disait nous avons été rue de l’Université à la vente de charité de tante Louise[5] et qui nous a beaucoup amusées ; nous avons fait de nombreuses emplettes même une pour toi que nous voulons t’offrir et que tu trouveras dans ton bureau, cela t’étonne je suis sûre et pour ne pas trop t’intriguer je vais te dire ce que c’est : une grande boîte, des grosses plumes que tu aimes tant et c’est bien pour toi tout seul que nous les avons achetées car nous les détestons et tu peux être certain que nous ne t’en volerons jamais une seule. Es-tu content ? Je suis persuadée que tu as envie de les voir. Viens, viens, mon petit Papa, elles t’attendent et tes filles par-dessus le marché qui seront très heureuses de t’avoir.
Nous allons dans un instant partir à la réunion de Mlle Viollet et je t’assure que nous nous réjouissons bien de voir toute nos chers amies ; il y a plus de 15 jours que nous n’avons vu Paule[6] et quant à Henriette[7] cela ne se compte plus aussi nous nous promettons une bonne après-midi.
Hier soir nous avons eu Mme Trézel[8], tante Louise et Marthe[9] à dîner, bien petite réunion de famille comme tu vois et qui ressemblait peu à celles d’il y a 2 ans.
C’est demain que doit avoir lieu le fameux bal pour l’œuvre des Écoles ; nous n’irons pas bien entendu ; aussi tante[10] a fait des heureux avec tes et ses billets (car tu sais que tu as le bonheur d’en posséder).
Adieu, mon Papa chéri, chéri que j’aime de tout mon cœur, dis à tante G.[11] combien nous pensons à elle, et un mot d’amitié aussi de notre part à son cher malade. Je t’embrasse de toutes mes forces.
Notes
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Jules Heuchel.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie. Voir la lettre du 17 décembre A.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Henriette Baudrillart.
- ↑ Auguste Maxence Lemire, veuve de Camille Alphonse Trézel.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Élisabeth Schirmer épouse de Georges Heuchel (le « cher malade »).
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 19 décembre 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_19_d%C3%A9cembre_1879&oldid=35831 (accédée le 15 novembre 2024).
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