Mercredi 17 décembre 1879 (B)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Mercredi 17 Xbre 79..
Ma chère Marie
Hier au soir j’ai passé 2 heures auprès de notre malade[1], je ne l’ai pas trouvé plus mal que la veille, il ne souffre toujours pas, mais il s’affaiblit tout naturellement, il n’y a pas de réaction & d’après ce que me dit ce matin Léon[2] le docteur[3] est très inquiet & n’a plus grand espoir de guérison. La pauvre tante[4] commence aussi à entrevoir le malheur qui l’attend.
Il paraît qu’il n’y a plus de digestion possible même du peu qu’il peut manger & dans ces conditions la vie n’est plus longue & je m’attends à ne pas faire un séjour bien long auprès de vous.
Je ne partirais pas si je pouvais être utile à ma tante mais je n’y puis absolument rien. M. Jaeglé[5] me tiendra exactement au courant de l’état du malade & dès qu’il trouvera le moment de me rappeler je rentrerai ce qui peut être dans 15 jours comme seulement dans un mois ou peut-être plus mais je crains que non. Je n’ai pas vu moi-même le docteur qui n’est pas facile à rencontrer.
Hier soir il y avait une soirée chez les Berger[6], je ne sais encore de quel genre, & c’est à cette occasion que Léon a parlé à M. Bornèque.
Une consultation avec un autre médecin, question agitée hier avec tante ne nous donne pas grand espoir.
Le temps ne veut pas changer ce matin - 19° & à 9h du matin encore - 17°. le froid rentre de plus en plus dans les maisons & nous avons un mal terrible à ne pas voir tout [laquer] par la glace & l’eau du canal est comme une vraie bouillie. A Bâle le rhin est gelé presque sur toute sa largeur il n’y a plus qu’une petite rigole dans son milieu qui ne soit couvert & le reste sert aux patineurs. depuis [plus de 2 siècles] l’on n’avait vu le rhin gelé dit-on le journal de Bâle. Par contre en Russie il fait bien moins froid que chez nous.
Ne pouvant pas rencontrer le docteur auprès du malade je viens de me décider à aller à Thann pour avoir son avis sur l’état très grave de mon Oncle.
Loin de rentrer rassuré il m’a confirmé mes craintes, le malade déjà très faible s’en ira ainsi diminuant de jour en jour & il craint que nous ayons la douleur de le perdre dans 15 jours à 3 semaines.
Il m’est bien difficile dans ces conditions de quitter ne pouvant pas laisser ma tante toute seule dans ces terribles moments.
Il est donc fort possible que vous passiez [le premier] Nouvel an sans moi. Je vous tiendrai au courant de ce que je ferai.
tout à toi
ChsMff
les courriers sont bien irréguliers vos lettres ne me parviennent maintenant qu’entre 3 & 4 h du soir & le Journal le lendemain.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 17 décembre 1879 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_17_d%C3%A9cembre_1879_(B)&oldid=34965 (accédée le 15 novembre 2024).
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