Vendredi 12 puis dimanche 14 juillet 1872

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1872-07-12 pages 1-4.jpg original de la lettre 1872-07-12 pages 2-3.jpg


Vieux-Thann[1]

Vendredi 10h ½ soir

Ma chère petite Gla,

J'ai bien sommeil, et je voudrais bien causer un peu avec toi, mais le tonnerre gronde, j'ai mal à la tête et je crois que je ferai mieux d'aller me coucher d'autant plus que je n'ai rien de remarquable à te dire. Sur ce je t'embrasse de tout cœur et bonne nuit.

Dimanche 11 h ½

Voici un exorde[2] qui ne mériterait pas d'être conservé, mais je le laisse, il te prouvera que je pense à toi, même sans que tu en reçoives la preuve, j'espère qu'il en est de même de votre côté car vos lettres deviennent de plus en plus rares.

Si j'avais repris la plume hier je t'aurais dit nous partons le 20 et serons avec vous le Dimanche matin ; aujourd'hui je crois de à un nouveau retard. Charles[3] a reçu une lettre des Vosges[4] qui l'obligera probablement à un petit voyage ce qui remettrait notre départ seulement au commencement de la semaine prochaine. Tu vois que nous sommes bien peu maîtres de nos faits et gestes. Il faut se faire aux choses imprévues, nos caisses sont dans le grand salon à moitié faites, car à mesure il y a toujours quelque chose à reprendre.

Marie et Emilie[5] jouissent, comme bien tu penses, du bonheur des bains froids, et on avait mis les costumes sur le dessus de la boîte pour pouvoir t'accompagner à Paris ainsi que Jeanne Brongniart. Emilie est plus intrépide que jamais dans l'eau, on voit que ça lui fait du bien. Et petit Jean[6] il doit bien aimer cela aussi, il travaille toujours bien, c'est presque un homme en sagesse, on se réjouit de le revoir.

Avec tous ces retards, je ne sais comment nous allons pouvoir faire, car Charles aura besoin ici je le crains, et cependant du repos lui serait bien nécessaire, il n'est toujours pas entrain quoique ayant très bonne mine, j'espère que ce n'est rien ; il prétend que c'est la goutte qui le fait souffrir au pied. Tu sais malgré soi on se tourmente.

Aujourd'hui nous sommes tout à fait seuls, les fillettes, après avoir été à l'église, jouent avec leurs petites poupées ; elles travaillent bien en ce moment, elles désireraient bien assister au cours le 24[7], notre séjour à Paris ne pourra être que très court, c'est ennuyeux ; d'ici là il surviendra peut-être encore quelque chose ; Ainsi ce serait à tort qu'on se tourmenterait de ces sortes de choses.

Mme Duméril[8] a été un peu souffrante cette semaine, je pense qu'elle accompagnera demain son mari qui doit venir ; nous aurons aussi l'ouvrière, ma robe de toile est trop laide, puisque nous avons le temps, nous allons en faire une analogue fond noir avec un petit losange blanc. C'était de l'ouvrage pour Paris.

Remercie papa[9] de m'avoir renvoyé la lettre de Mme Zaepffel[10], elle partait pour Saxon le jour où nous avons appris que la Confirmation avait bien lieu le 18, aussi elle nous croit déjà à la mer, et nous charge de mille choses pour vous si nous sommes encore à Paris.

Il y a encore Instruction pour les enfants aujourd'hui, je veux aller retrouver Charles au jardin, il est près de 2h je vais donner ma lettre à la porte[11] mais avant je te charge de toutes les amitiés pour papa, maman[12], Alfred[13] et ton mari[14] sans oublier petit Jean.

Ecris-moi pour que j'aie une lettre Jeudi. Ne vous préoccupez pas de notre venue, que maman aille à Montmorency Samedi comme toujours, nous lui écrirons quand le jour sera fixé et peut-être avant, en attendant fais-lui mes tendresses

Eugénie M.

Les enfants t'embrassent bien fort.

J'ai bien reçu ta lettre du 7 ne te fatigue pas trop.


Notes

  1. Lettre non datée à situer après le 7 et avant le 21 juillet (départ).
  2. Eugénie met le mot au féminin.
  3. Charles Mertzdorff.
  4. Probablement de Frédéric Seillière, à Senones.
  5. Marie et Emilie  Mertzdorff.
  6. Jean Dumas.
  7. Le cours des dames Boblet à Paris.
  8. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  9. Jules Desnoyers.
  10. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  11. Au concierge Melchior Neeff.
  12. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  13. Alfred Desnoyers.
  14. Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 12 puis dimanche 14 juillet 1872. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_12_puis_dimanche_14_juillet_1872&oldid=42541 (accédée le 15 novembre 2024).

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