Samedi 8 avril 1916
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)
8 Avril
Mon cher Louis,
Je suis navrée à l'idée que nous t'avons fait manquer ta permission de 24 h la semaine dernière. J'aime à penser que celle de Pâques te dédommagera et nous aussi, mais il faut encore l’attendre 15 jours ! Et puis celle de Dimanche dernier n'aurait peut-être pas nui à l'autre. Ce sont ces diables d'Anglais qui en sont cause. Mais enfin on leur pardonnera car ils ont été finalement plus gentils que nous n'osions l'espérer ; ils ne nous demandent que 4 chambres à Brunehautpré et quoique ce soit celles du 1er, finalement, qui aient paru les plus dignes des nobles hôtes qu'ils nous destinent, nous nous estimons heureux d'en être quittes à si bon marché. J'ai fait le déménagement de nos armoires dans la chambre au-dessus de la nôtre, et des vôtres aussi. J'ai mis toutes vos affaires dans des malles et caisses et les malles, dûment étiquetées, dans l'armoire aux malles vides, en face la chambre de Jeanne[1]. Vos vêtements sont pendus dans la penderie de Mirabeau et dans la grande armoire au haut du petit escalier.
Le Colonel Woodroffe qui est venu 2 fois nous voir est tout à fait agréable et a une confiance très grande dans l'issue heureuse et même prochaine de la guerre. C'est réconfortant d'entendre dire cela.
Ta lettre nous est arrivée ce matin et nous a bien intéressés. Nous en avons eu hier une non moins intéressante de Pierre[2] et avant-hier une de Michel[3]. Le premier toujours cantonné dans un faubourg de Verdun est très content de la besogne que font ses pièces et qui ont a valu plusieurs fois à ceux qui les font agir des félicitations venues de haut.
Michel est à Mourmelon ; il voit encore d'Amécourt[4].
Je compte aller voir Baleine la semaine prochaine afin de vous en donner des nouvelles. Ce que tu nous dis de Vitrant nous fait bien plaisir. On sait qu'Amaury est prisonnier.
Une lettre de Mlle Marie me fait croire que M. le Curé de Saint Hippolyte[5] va être mobilisé s'il ne l'est déjà.
Je pensais que tu allais venir aussi je ne t'ai rien envoyé depuis longtemps, je vais te ravitailler ainsi que Dagens.
Armand Caruel vient d'avoir une permission de 8 jours (8 jours sans les voyages) il repart demain soir pour la Tripolitaine et ne veut pas ramener Loulou[6] en Tunisie comme celle-ci le désire ardemment. Nous avons toute la famille à déjeuner demain Dimanche. On a coupé les cheveux du petit Henri[7] qui est bien plus gentil ainsi.
Hélène[8] est installée près de Fontainebleau, à Barbizon avec ses enfants[9] : Riquet n'a plus de fièvre.
Je t'embrasse bien affectueusement mon petit. Amitiés de ton papa[10] et de tous
Emy
Notes
- ↑ Jeanne Veillet, employée par les Froissart.
- ↑ Pierre Froissart, frère de Louis.
- ↑ Michel Froissart, frère de Louis.
- ↑ Henri Ponton d’Amécourt.
- ↑ Jérôme Labourt, curé de Saint Hippolyte de 1914 à 1920.
- ↑ Louise Marie Dumas-Milne-Edwards, épouse d’Armand Caruel.
- ↑ Henry Caruel, l’aîné des enfants.
- ↑ Hélène Duméril, épouse de Guy de Place.
- ↑ Anne Marie, Henry (Riquet) et Jeanne de Place.
- ↑ Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 8 avril 1916. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_8_avril_1916&oldid=60150 (accédée le 22 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.