Samedi 28 et dimanche 29 mars 1874

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1874-03-28B pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-03-28B pages 2-3.jpg


Paris le 28 Mars <74>

Mon cher Papa,

Je ne sais si je vais avoir le temps de rester bien longtemps avec toi car nous tante[1] va venir nous prendre pour aller comme hier à St Philippe du Roule à un sermon. Nous y avons rendez-vous avec Hortense[2] que nous ramènerons pour dîner ; Marie Des Cloizeaux doit aussi s’y trouver.

Je viens de terminer mon travail d’aujourd’hui. Emilie[3] a eu pour la 1re fois sa jeune élève qui se nomme Sylvie Rosset. Elle est très propre et a l’air très sage. Elle vit chez sa grand-mère car elle n’a plus sa mère. Je n’ai pas assisté à toute la leçon mais tante m’a dit que cela s’était très bien passé ; on a d’abord récité le catéchisme puis Emilie lui a expliqué l’analyse. La petite maîtresse était enchantée et n’a pas été intimidée. Elles sont restées ensemble une demi-heure.

Hier rien d’extraordinaire. Le matin nous avons travaillé (un peu mollement vu la très grande <      >...

Dimanche des Rameaux 29

Mon père chéri,

Je reprends cette lettre commencée hier. Je suis chez tante Louise[4]. Nous avons été à la grand’messe qui a été fort longue il est 12h ½ tante est chez bonne-maman[5] qui est toujours souffrante mais pas plus que quand tu es parti, elle a cependant été à la messe.

Nous avons reçu ce matin ta bonne lettre qui nous a remplies de honte de ce que tu n’aies encore reçu qu’une lettre de nous et Dieu sait quelle lettre tandis que toi qui es si occupé tu nous a déjà écrit deux fois. Toutes les nouvelles que tu nous annonces m’intéressent beaucoup. Quant au mariage de Nini Risler[6] avec Gambetta tu me permettras de n’y pas croire énormément.

Mais Celui d’Elisa Marozeau m’étonne bien plus encore car enfin ce n’est qu’une petit fille je crois qu’elle n’a qu’un ou deux ans de plus que moi.

Hier comme je te le disais nous avons été à St Philippe et avons entendu un très bon sermon, en sortant nous nous sommes trouvées avec Marie Des Cloizeaux et Hortense. Marie nous a accompagnées jusqu’aux Champs-Élysées puis Hortense est venue avec nous jusqu’au bout elle nous a raconté tout son examen ce qui m’a bien intéressée cela a duré huit jours.

Jeudi nous avons eu la visite de cousine Elise[7] et de ses deux fils. Bibi[8] était venu nous faire ses adieux il est ravi de partir car grand’mère doit lui donner du chocolat.

Tu m’avais parlé de quelque chose à lui remettre pour sa philippine seulement comme tu ne me l’avais pas donné je n’ai pas osé en parler ce sera pour une autre fois.

Marthe[9] est dans un état de joie excessif elle danse et sautille dans la chambre et les voilà toutes parties jouer au croquet.

Adieu donc, mon père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur et te prie de distribuer mes baisers aux habitants de Morschwiller[10]

Ta fille affectionnée

Marie M.

Tout le monde me charge de bien des choses pour toi.

<bonjour> de la part de Cécile[11]

Mme Festugière[12] a écrit à Bischwiller pour avoir tous les actes nécessaires pour à un mariage. On ne lui répond pas elle pense que tu pourrais peut-être les lui faire avoir et les lui envoyer. C’est Ce sont pour les actes d’une pauvre fille nommée Annette Communaux[13] née en 1848 orpheline de père et de mère, c’est un des pauvres que visite Mme Festugière.


Notes

  1. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  2. Hortense Duval.
  3. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  4. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  5. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  6. Mathilde Eugénie Risler.
  7. Elisabeth Mertzdorff, épouse d’Eugène Bonnard ; elle a deux fils : Charles et Pierre Bonnard.
  8. « Bibi » non identifié.
  9. Marthe Pavet de Courteille.
  10. Les grands-parents Duméril.
  11. Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.
  12. Cécile Target, veuve de Georges Jean Festugière.
  13. Marie Anne Communaux, née le 12 octobre 1847.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 28 et dimanche 29 mars 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_28_et_dimanche_29_mars_1874&oldid=35555 (accédée le 22 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.