Samedi 26 mai 1917 (A)
Lettre de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (au front)
29, RUE DE SEVRES, VIE[1]
Paris
Le 26/5 17
Mon cher Louis,
J’ai laissé à ta mère[2] le soin de te féliciter d’avoir franchi un échelon dans la hiérarchie. C’est une première satisfaction que je voudrais voir suivie de celle de te savoir désigné, puis admis, à Fontainebleau[3]. Je doute que l’officiel[4], que je reçois, me prévienne de cette admission. Préviens-nous quand tu sauras quelque chose.
Tu sais que ta mère et Michel[5] sont partis avant-hier pour Brunehautpré ; ta mère « y allant voir son fils malade » et Françoise[6] allant l’alimenter ont pu partir illico (ou à peu près).
Nous comptons partir tous mais on nous a prévenus qu’il faudrait 6 jours pour avoir notre laissez-passer : les [neveux] flamands des [ ] d’Hazebrouck[7] nous rendent suspects.
Il n’est pas impossible que j’aille encore, avant mercredi jour prévu pour notre départ, faire un tour à Lyon pour savoir avant de m’en aller dans le Pas-de-Calais, si je puis y faire quelque chose d’utile en vue d’éviter ou de réduire le sabotage de nos tissus, que l’Intendance réquisitionne en masse sans vouloir entrer dans les complications d’une vérification des tissus dégradés : ce sera, a-t-elle dit, 30% de dépréciation sur la masse de nos tissus en balle (la moitié), lesquels n’ont pas été vérifiés par nous pour ne pas compromettre l’emballage. Et alors qu’une dépréciation de 5% n’est pas atteinte pour les tissus déballés qui ont été vérifiés, notre gérant[8] a donné l’ordre à H…[9] notre mandataire d’accepter 20% de réduction, chiffre que le séquestre (qui servait d’intermédiaire entre l’Intendance et nous) croyait devoir être accepté.
C’est insensé de gâcher ainsi le résultat que j’ai atteint en juillet en faisant ajourner la vente, mais la consigne [pense] notre gérant, est de ne rien faire qui puisse mécontenter le séquestre. C’est 235 000 F qu’on lâche en trop.
Nous venons d’avoir à déjeuner le Lieutenant Colonel Vandame, sa femme[10] et son fils qui est dans l’aviation. Hier, Mme Ch. Parenty[11] (ci-devant de Bamières) et sa fille Mme Déclémy[12] revenant de voir un fils en traitement en Bretagne ont dîné avec nous.x
x Nous pensons que Pierre[13] est vers le chemin des Dames. Corpet[14] (qui est revenu dans l’Industrie définitivement) ayant su, avant son départ, que le 21e Corps allait venir à sa droite (sans doute [ ] de Vailly[15])
Les maladies diverses des enfants[16] sont terminées. Il commence à faire chaud à Paris. As-tu de l’ombre au camp de Mailly[17]. Ecris souvent, plus souvent. Tu n’as pas eu un voyage de retour charmant. Merci de ta grande lettre.
Jacques[18] écrit qu’il transporte cette semaine des blessés qui ne doivent pas trouver le transport délicieux. Lui-même va bien mais est souvent fatigué. Vu Georges [Bénard] qui sème de l’orge dans un terrain plein d’explosifs dangereux à Nampcelles (Aisne)[19].
Les Degroote ont loué à Meudon (pour un an) à partir du 15 Juillet. Ils vont, d’ici là, séjourner à Brunehautpré, puis à Wimereux. J’apprends par Vandame que le général J.B. Dumas[20] va commander la Région du Nord à Boulogne.
Mille amitiés
D. Froissart
Notes
- ↑ En-tête imprimé.
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart.
- ↑ Voir la lettre du printemps 1917.
- ↑ Le Journal Officiel.
- ↑ Michel Froissart, frère de Louis, en convalescence.
- ↑ Françoise, cuisinière chez les Froissart.
- ↑ Allusion possible à la famille Degroote d’Hazebrouck.
- ↑ Probablement Georges Jaeglé.
- ↑ E. Hochstetter.
- ↑ Madeleine Trois, épouse de Georges Vandame.
- ↑ Esther Marie Charlotte Debuire, veuve de Charles Parenty.
- ↑ Laure Parenty, épouse de Florentin Déclémy et mère de plusieurs fils.
- ↑ Pierre Froissart, frère de Louis.
- ↑ Probablement Jean Corpet.
- ↑ Vailly-sur-Aisne, à quelques kilomètres au sud du Chemin des Dames.
- ↑ Probablement les enfants Degroote.
- ↑ Camp d’instruction à cheval sur les départements de l’Aube et de la Marne.
- ↑ Jacques Froissart, frère de Louis.
- ↑ Nampcelles-la-Cour, dans le département de l'Aisne en région Picardie.
- ↑ Noël (Jean Baptiste Alphonse) Dumas.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 26 mai 1917 (A). Lettre de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (au front) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_26_mai_1917_(A)&oldid=55178 (accédée le 15 novembre 2024).
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