Samedi 21 novembre 1863
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
21 Novembre
Vous n’êtes tous que d’affreux paresseux, et dorénavant c’est à mon beau-frère que j’écrirai[1], je suis sûre que lui il sera plus exact à me répondre ; ainsi, belle dame, si vous ne voulez pas qu’une correspondance s’établisse entre votre mari et moi, soyez moins avare de votre écriture. J’entends ; vous et M. de Julien[2] vous avez de bonnes excuses : vous comptiez nous voir ce matin, et oui mais la chose n’était pas sûre ! enfin je vous pardonne à toi en raison des heures que tu as employées pour moi en travaillant à mon escabeau ; et à l’autre parce que c’est le petit dernier et qu’il est reconnu que nous avons un faible pour lui.
Les sangsues n’ont pas produit à papa[3] tout l’effet que nous en espérions, il a encore par moment la tête lourde et il lui semble souvent qu’il va avoir un étourdissement ; aussi tu comprends que nous ayons insisté pour qu’il n’allât pas à Paris aujourd’hui et demain nous tâcherons encore qu’il se repose. Si à midi on ne nous a pas vus que Julien se charge des papiers.
Papa ne peut pas être mieux qu’ici. Nous avons un véritable été de la St Martin, soleil, air pur, je regrette que tu ne puisses pas en prendre ta part. Il est urgent que quelqu’un de vous vienne, car je vis ici en véritable enfant unique, et je vais devenir insupportable si ça continue, personne pour me taquiner, ça ne fait pas le caractère, enfin tu me retrouveras avec tous les défauts de ceux qui sont élevés seuls ! C’est triste ! [hein] quelle perspective pour celle que je compte aller voir souvent cet hiver !
Jeudi en [ ] nous avions pensé que tu aurais peut-être eu assez d’influence sur tes messieurs pour les obliger à venir respirer de 10 h à 3 h et dans cette pensée j’avais raccourci mon bain (détail de famille) et nous avions fait une tarte.
Comment va ton petit neveu[4] ? Depuis Dimanche nous n’avons pas eu de vos nouvelles.
J’ai écrit à Alfred[5], à Mme Duméril[6]. ma petite filleule[7] m’avait écrit un petit mot pour ma fête très gentiment et j’ai récrit de même sans rien dire du tout dans un sens ni dans l’autre[8].
Que Julien achète le Monde Illustré. Papa demande si M. Deville a envoyé des lettres depuis les 2 premières que nous avons reçues.
Que Julien n’oublie pas mes [ ] velours dans le tiroir de l’armoire du fond de son ancienne chambre.
Adieu, ma petite Gla, je t’embrasse bien fort et pense à toi. Tu travailles sans doute à force pour Cécile[9].
Maman[10] et papa t’adressent ainsi qu’à ton mari mille amitiés et moi je t’accable de caresses.
ED
Pour toi je ne sais pas pourquoi je griffonne toujours il me semble que c’est [meilleur]
Notes
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
- ↑ Julien Desnoyers, jeune frère d’Eugénie et Aglaé.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Noël Dumas.
- ↑ Alfred Desnoyers, frère aîné d’Eugénie et Aglaé, ingénieur à Ancy-le- Franc.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril. Voir la lettre du 15 novembre.
- ↑ Marie Mertzdorff. Voir la lettre du 17 novembre.
- ↑ Il est question qu’Eugénie épouse Charles Mertzdorff, père de Marie et veuf de Caroline Duméril.
- ↑ Probablement Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 21 novembre 1863. Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_21_novembre_1863&oldid=57005 (accédée le 22 décembre 2024).
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