Dimanche 29 novembre 1863
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Dimanche soir[1]
Je te remercie bien, ma chère petite Gla, de tes deux bonnes lettres, elles m’ont fait grand plaisir quoique ça me chagrine de te voir sous ces impressions si tristes ; mais je comprends ce que tu éprouves. Que je plains cette pauvre Cécile[2], son rêve de se dévouer, de consacrer sa vie aux enfants de sa sœur[3] se trouve dans son cœur en partie renversé ! Et cependant ceux qui l’aiment ne peuvent pas se dissimuler que pour sa santé c’eût été une rude épreuve que de soigner son pauvre petit malade et que pour l’enfant ce sont de grandes souffrances qui lui sont épargnées ; mais ce sont de ces choses qui ne se disent pas, et, dans ce moment, cette pauvre Cécile n’en est pas moins brisée.
C’est bien dans ces tristes circonstances qu’on apprend à juger les cœurs dévoués et je suis heureuse de voir à quel point tu apprécies ta nouvelle famille[4] et surtout ton bon mari[5], tu as rencontré le vrai bonheur qu’on puisse avoir sur la terre en rencontrant des cœurs que tu comprennes et qui t’apprécient. Que Dieu te conserve longtemps ce bonheur ! C’est mal à toi de t’inquiéter de l’avenir, le présent est doux et bon, jouis-en et aies confiance.
Papa[6] depuis hier est beaucoup mieux, nous sommes allés faire une promenade dans la maison <Cure> et il n’en a pas été fatigué, si la journée de demain se passe comme celle d’aujourd’hui, je l’accompagnerai Mardi à Paris et nous resterions le Mercredi ; comme ça je pourrais te voir, causer et de remercier de vive voix de mon charmant escabeau, il est tout à fait de mon goût.
Julien[7] dînera cette semaine à la maison, la bonne hospitalité de la semaine dernière nous a fait grand plaisir, mais pour ces jours-ci pour ta famille comme pour lui, il vaut mieux que Louise lui prépare son petit dîner.
Si je vais à Paris je tâcherai de refaire mes chapeaux de velours car nous commençons à être complètement ridicules ; tu me diras comment les faire car jusqu’à présent je n’ai vu que celui de Mlle d’Hardivilliers.
Paul Clavery est venu très aimablement savoir des nouvelles de papa. Alfred[8] a paraît-il dit avoir reçu une très gentille lettre de toi et nous charge de beaucoup d’amitiés pour toi et ton mari.
Adieu, ma chérie, je t’embrasse bien bien fort et papa et maman[9] < >
ED
Notes
- ↑ Cette lettre non datée est écrite après celle du 21 novembre.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, seconde épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Julie Milne-Edwards, sœur décédée de Cécile et première épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas ; elle a laissé deux fils, Noël et Napoléon qui vient de mourir.
- ↑ La famille Milne-Edwards.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Julien Desnoyers, jeune frère d’Eugénie et Aglaé.
- ↑ Alfred Desnoyers, frère aîné d’Eugénie et Aglaé.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 29 novembre 1863. Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_29_novembre_1863&oldid=56982 (accédée le 8 octobre 2024).
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