Samedi 12 avril 1879
Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Samedi saint 12 Avril
Mon bon père,
Je crois que nous retombons dans l’hiver ; il fait un froid de loup, il neige même un peu de temps à autres et je crois qu’il a gelé cette nuit ; je suppose que toutes les petites feuilles ne doivent pas être très satisfaites.
Tante Louise[1] a terminé le transport de tous ses meubles, mais un désordre parfait règne encore dans sa nouvelle demeure ; je viens d’y faire une assez longue séance et j’ai rangé des livres avec Marthe[2] ; tante[3] était au crédit foncier et Marie[4] était restée ici pour travailler car elle se trouvait passablement en retard pour sa géographie et son anglais ; tu es sans doute bien étonné que ce ne soit pas à moi que s’adresse ce mot de retard, et je t’assure que je le suis tout autant que toi.
Marie et oncle[5] viennent de recevoir tout à l’heure la visite de M. Lesourd-Beauregard[6], professeur de dessin et d’aquarelle ; il doit venir de Jeudi en huit pour commencer les leçons ; je crois que Marie en est fort contente.
Comment vas-tu, mon père chéri ? tu es bien gentil de nous avoir écrit aussitôt après ton arrivée ; ta lettre a été accompagnée par celle de bon-papa[7] qui confirmait toutes les bonnes nouvelles que tu nous donnais. Oncle a aussi reçu une lettre de félicitations[8] d’oncle Léon[9] et tante en a eu de bonne-maman[10] et de tante Eugénie[11]. Il paraît que 4 des petits Soleil[12] ont eu une petite vérole volante qui les a retenus quelques jours à la chambre, mais à présent on va bien.
Ta chambre est toujours occupée par tante Louise mais elle part dès 6h1/2 le matin et ne rentre ici que pour le dîner. Marthe habite la chambre de Jean[13] et passe au contraire une grande partie de ses journées avec nous, car il faut qu’elle travaille et du reste elle ne pourrait pas encore beaucoup aider sa maman dans les rangements, les bibliothèques n’étant pas encore accrochées, les armoires arrangées.
Jeanne Brongniart va de mieux en mieux ; elle est toujours couchée, mais elle a bien meilleure mine, mange avec plus de plaisir et prend beaucoup plus d’intérêt à tout ce qui se passe autour d’elle, aussi hier ai-je passé plus d’une heure auprès d’elle.
Adieu mon papa chéri, je te demande pardon de t’écrire si vite et si salement mais je n’ai presque plus le temps de m’habiller avant de partir au cours de géographie[14]. Je t’embrasse,
Emilie
Notes
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Ange Louis Guillaume Lesourd-Beauregard.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril (voir sa lettre du 9 avril).
- ↑ Alphonse Milne-Edwards vient d’être élu à l’Académie des sciences.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
- ↑ Léon, Pierre, Louise et Auguste Soleil.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Cours de géographie avec Caroline Kleinhans.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 12 avril 1879. Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_12_avril_1879&oldid=42525 (accédée le 8 décembre 2024).
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