Jeudi 10 avril 1879
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 10 Avril 1879.
Que tu es bon, mon Père chéri, de nous avoir donné dès hier de tes nouvelles[1], nous n’osions pas tout à fait l’espérer aussi en revenant de la messe ce matin nous avons eu une agréable surprise d’apercevoir ton écriture et celle de bon-papa[2], deux lettres qui nous ont fait bien grand plaisir et dont je remercie de tout mon cœur les auteurs ; merci à bon-papa par ton entremise jusqu’à ce que je m’adresse à lui directement et pour toi mon Père prends toi-même une part de gros mercis. Pauvre petit Papa nous te plaignons bien d’avoir eu une si désagréable voisine ce petit incident a dû singulièrement diminuer les charmes peu nombreux déjà du voyage.
D’ici je n’ai encore que bien peu de choses à te dire ; notre petite soirée de Mardi s’est achevée bien paisiblement à lire et à coudre dans le petit salon en haut. Hier par bonheur nous avons eu une belle journée et le déménagement de la pauvre tante Louise[3] a pu s’effectuer sans trop d’ennuis ; on n’a amené la dernière voiture qu’à 8h du soir et comme les hommes se rafraîchissaient depuis le matin ils n’avaient plus bien leurs têtes et ils ont laissé tomber la grand table de la salle à manger qui est toute mutilée ; cela a été le seul malheur mais il est assez considérable. Mme Pavet et Marthe[4] ont couché ici et je crois que cette nuit elles recommenceront encore car il est impossible qu’elles soient suffisamment installées. Nous[5] pendant que tout le monde se fatiguait nous passions une journée des plus agréables (pour nous disculper il faut que tu saches que nous ne pouvions aider en rien) nous avons d’abord été au sermon à Notre-Dame, puis chez Mme Roger[6] et enfin tante[7] m’a déposée chez Paulette[8] où j’ai passé 2 longues heures pendant qu’Emilie terminait sa leçon de piano et allait ensuite avec Mme Roger au cours de chant ; inutile de te dire que cela a été 2 heures fort agréables, du reste je crois qu’il est impossible de s’ennuyer et de ne pas être content et heureux auprès de Paulette, elle est si gentille et si on ne la voyait pas étendue sur sa chaise longue on oublierait bien vite qu’elle souffre et qu’elle n’est pas la plus heureuse personne du monde. Hier elle allait mieux, elle ne souffre presque plus la nuit et depuis 8 jours cela va toujours un peu en s’améliorant. Ce matin, comme je te le disais, nous avons été à la messe puis chez Jeanne B.[9] qui n’est pas encore bien merveilleuse mais qui continue cependant à mieux aller, ses joues sont un peu moins pâles et son entrain revient, mais ses oncles[10] ne veulent pas encore qu’elle se lève et elle mange encore comme un pauvre petit oiseau. Comme il faisait un temps splendide nous avons été prendre bonne-maman[11] avec une voiture et nous l’avons emmenée à 1h à Notre-Dame afin de la changer un peu, mais en sortant il pleuvait à verse, aussi nous sommes rentrées avec elle en voiture et nous avons laissé tante aller seule chez Hortense Aubry[12]. Pauvre tante elle a dû être fameusement mouillée car depuis que nous sommes rentrées bien à l’abri il y a eu un orage épouvantable de pluie et de grêle, avec tonnerre et éclairs qui a duré près d’une heure ; en ce moment même [ ] l’eau tombe à flots, jamais je n’ai vu une telle persistance.
Adieu mon bon Père chéri, chéri, je t’embrasse de tout mon cœur comme tu sais que je t’aime.
your Mary
J’embrasse bien fort bon-papa et bonne-maman[13].
Amitiés aux jeunes dames[14].
Notes
- ↑ Voir la lettre de Charles Mertzdorff du 9 avril 1879.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril (voir sa lettre du 9 avril 1879).
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille (« Mme Pavet »).
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger, professeur de piano.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Jeanne Brongniart.
- ↑ Probablement Georges Simonis Empis et Jules Brongniart, médecins.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Hortense Duval, nouvelle épouse de Marcel Aubry.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Marie Stackler, épouse de Léon Duméril et Maria Lomüller, épouse de Georges Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 10 avril 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_10_avril_1879&oldid=42455 (accédée le 8 novembre 2024).
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