Mercredi 17 juillet 1878
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris, 17 Juillet 1878.
Mon cher Papa,
C’est à mon tour[1] aujourd’hui de venir te faire une petite visite et de te remercier de la bonne lettre que nous avons reçue ce matin et qui nous donne des nouvelles de tout le monde. Nous sommes bien contentes d’apprendre que le séjour d’Albisbrunn[2] fait du bien à tante Marie[3] j’espère qu’elle va y faire une grosse provision de force et de santé. Ce que tu nous dis d’oncle G.[4] nous fait plaisir aussi car avec la chaleur ce devait être un bien grand supplice pour lui de ne pouvoir bouger ; il a été pris fortement cette fois, c’était assez inquiétant.
Voilà depuis 2 jours la chaleur définitivement revenue cependant il y a un bon air qui empêche de souffrir.
Hier nous avons passé une journée des plus tranquilles. Le matin nous avons pris notre leçon de dessin[5] dans la ménagerie et nous avons enfin terminé notre premier paysage ; que c’est donc difficile de faire des arbres ! J’ai fait un petit paquet d’ombre informe qui représente un peuplier, un acacia et un marronnier mais on y verrait bien tout autre chose. L’après-midi nous ne sommes pas sorties et nous nous sommes installées à coudre pendant que tante[6] nous faisait la lecture, nous avons passé ainsi une délicieuse journée ; ma petite robe va être bientôt finie et j’ai déjà taillé un tablier.
Le soir nous avons été dans la ménagerie faire notre petite promenade quotidienne.
Ce matin nous avons fait notre ménage car je ne sais si nous t’avons déjà dit que Maria[7] est dans son pays depuis Samedi et qu’elle ne revient que ce soir ; elle a été voir son futur car tu sais, n’est-ce pas, qu’elle va bientôt se marier. Elle épouse un garçon très bien paraît-il, qui est jardinier et cocher dans une maison à Argentan ; c’est un bon mariage aussi faut-il en être content mais tante regrette beaucoup Maria qui faisait beaucoup d’ouvrage et peu de bruit, et qui était très gentille et qui vivait en excellente harmonie avec les autres. Il va falloir se mettre en quête d’une nouvelle femme de chambre ce qui n’est jamais amusant ; espérons que le choix en sera aussi heureux.
Nous attendons dans un instant Mme Lima ; si elle ne reste pas trop longtemps nous irons avec elle au bain froid puis chez bonne-maman Desnoyers[8] qui continue à bien aller mais qui est fort triste et qui souffre beaucoup de ne plus pouvoir agir comme autrefois.
Ce soir en plus de la famille nous aurons à dîner M. et Mme Van Sterson qui ont reçu oncle[9] lors de son voyage à Leyde et qui maintenant sont à Paris pour voir l’exposition.
Marthe[10] est toujours avec nous, nous sommes enchantées d’avoir cette 3e sœur dans notre chambre et nous profitons de sa présence pour rire beaucoup ce qui ne doit pas t’étonner. Elle est vraiment bien gentille. Lundi nous avons aperçu Paulette[11] au cours de Mlle Viollet mais elle était très pressée pour ne pas manquer son train de Sceaux et nous lui avons à peine parlé.
Adieu, mon Papa chéri que j’aime, je t’embrasse avec toute la tendresse possible.
ta petite
Marie
Notes
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff écrivent et reçoivent alternativement les lettres de leur père.
- ↑ Albisbrunn, station thermale près de Zurich.
- ↑ Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Probablement avec Marie Louise Duponchel, professeur de dessin.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Maria, employée de maison.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Paule Arnould.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 17 juillet 1878. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_17_juillet_1878&oldid=60843 (accédée le 14 novembre 2024).
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