Mercredi 16 septembre 1857
Lettre de Caroline Duméril (Montataire) à sa cousine Adèle Duméril (Le Havre)
Montataire 16 Septembre
Enfin c'est pour la dernière fois que je prends la plume, ma chère Adèle, et j'en suis bien contente car voilà assez longtemps que tu es partie et tu peux bien rentrer au bercail[1]. Sais-tu bien que nous aurons été tout près de trois mois éloignées l'une de l'autre, le quart d'une année, cela peut compter. Cette nuit j'ai rêvé que tu étais revenue et que tu n'étais pas grandie du tout et comme j'en faisais l'observation, ta mère[2] s'est fâchée tout à fait contre moi. Nouvelle preuve que rêve est mensonge car j'en suis certaine tu as au moins une tête de plus qu'avant ton départ et en tous cas je connais assez ma tante pour savoir qu'elle ne m'en voudrait pas pour si peu de chose et parce que je dirais ce que je pense.
J'ai reçu, Samedi, des lettres du cottage[3] ; on me dit que les de Gérando[4] sont revenus, ils ont passé une journée à Montmorency et ont bien chargé Julien[5] de te dire qu'ils attendent avec impatience et ton retour et la reprise des leçons de gymnastique. Ils reviennent du bord de la mer je ne me rappelle pas si c'est d'Etretat ou du Tréport. Te voici bien heureuse en ce moment au milieu de toutes tes cousines. Embrasse bien pour moi Matilde, Julie et Madeleine[6] et dis-leur que je pense souvent à elles et que je me réjouis à l'idée du plaisir qu'elles vont avoir avec toi.
Adèle et Marie[7] te réclament aussi, et attendent avec impatience que tu viennes ; Adèle aussi a rêvé de toi cette nuit et je puis t'affirmer que dès que tu arriveras, tu seras bien accueillie. Je n'entre dans aucun détail sur notre vie ici, car j'ai tout raconté à Léon[8] et en lui demandant ma lettre, tu seras au courant de mes faits et gestes. Si tu veux faire bien plaisir à Adèle, en arrivant à Paris, tu cueilleras quelques gousses de tes haricots rouges et tu les lui apporteras, elle en fait une collection pour les semer l'année prochaine dans son jardin particulier. Voilà qu'il est dix heures moins quelques minutes et l'on va déjeuner. Au revoir, et non plus adieu, ma chère Adèle, reçois deux bons baisers et distribue à père et mère les choses les plus affectueuses de la part de tous les habitants de cette maison
Ta cousine et sœur
Caroline Duméril
Maman[9] et moi te prions, si tu l'oses, de nous rappeler au bon souvenir de mes cousines Céline et Émilie[10].
Notes
- ↑ Adèle a passé l’été à Lion-sur-Mer et au Havre ; elle va rentrer au Jardin des Plantes à Paris, où elle habite.
- ↑ Eugénie Duméril, épouse d’Auguste Duméril.
- ↑ Propriété des Desnoyersà Montmorency.
- ↑ Emma Teleki, veuve d’Auguste de Gérando, et ses deux enfants Émeric Auguste dit Attila et Antonine.
- ↑ Julien Desnoyers.
- ↑ Louise Matilde Pochet (née en 1844), Julie Delaroche (née en 1847) et sa sœur Madeleine (née en 1848).
- ↑ Adèle et Marie sont les enfants d’Eléonore Vasseur et André Fröhlich, chez qui séjourne Caroline à Montataire.
- ↑ Léon Duméril, frère de Caroline.
- ↑ Félicité Duméril.
- ↑ Céline Oberkampf, épouse d’Henri Delaroche ; Émilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 16 septembre 1857. Lettre de Caroline Duméril (Montataire) à sa cousine Adèle Duméril (Le Havre) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_16_septembre_1857&oldid=60904 (accédée le 21 novembre 2024).
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