Mercredi 11 septembre 1844

De Une correspondance familiale


Lettre d’André Marie Constant Duméril (Ingouville) à son épouse Alphonsine Delaroche (Paris)


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Ingouville 11 7bre 1844

Voici la dernière lettre que je t’écris ; car demain je serai à Paris. je te dirai d’abord que notre nièce Émilie[1] ne nous donne plus la moindre inquiétude. Excepté le mal de gorge qui la gêne encore dans l’action d’avaler, elle va parfaitement bien pour son état. hier son pouls était à 72 et sa chaleur naturelle. le gonflement et la chaleur des mains et des pieds ont tout à fait disparu. Enfin je la quitterai complètement rassuré, quoique très probablement la gorge ne sera guérie que sous trois ou quatre jours.

je t’avais mandé que je partirais demain jeudi par le bateau à vapeur du havre à Rouen. mais nous avons appris que ce bateau au lieu de 6 heures du matin ne quittait le port qu’à sept, ce qui me forcerait de ne prendre le train du chemin de fer[2] qu’à 5 h ¼ pour arriver à Paris à 9 h ¼ il en serait de même pour les diligences, qui ne peuvent pas profiter du train qui quitte Rouen à 2 h. pour arriver à Paris à 6 heures du soir. alors j’ai pris le parti d’essayer de prendre le courrier de Tours qui part du havre à six heures du matin et qui arrive à Rouen vers une heure. je suis allé ce matin au Bureau ; aucune place n’était retenue pour Rouen, on m’a inscrit, sans pouvoir m’assurer le départ, parce que ce n’est qu’à trois heures aujourd’hui qu’on saura s’il ne présente personne pour aller directement à Tours. comme je ne serai pas à la ville à cette heure-là, M. DelaRoche ou Henry[3] se chargeront de t’écrire. Si tu ne reçois pas de lettre d’eux, c’est que j’aurai été forcé de partir par le bateau à vapeur et par conséquent que je ne serai vers vous au jardin que vers 10 heures du soir.

je suis allé hier d’abord à Ste Adresse pour voir les Dames Geoffroy[4] et leur faire mes offres de service. ne les ayant plus trouvées là je suis allé dans le village voisin à Sanvic où je les ai trouvées, un peu mieux établies, à une distance de la mer qui, par un sentier, les y fait arriver en un quart d’heure. j’ai dîné hier chez Madame DelaRoche[5] avec la famille Paul Delessert[6] et comme les Pochet et les Latham évitent la maison, nous nous sommes trouvés tous réunis chez Mme Latham[7] où nous avions pris le thé.

Aujourd’hui je vais aller avec M. Gastambide et la famille Latham, excepté le mari, faire une course en voiture soit à Montivilliers, soit à Orcher[8]. nous devons partir à une heure et il est midi. je vais aller voir Mme Pochet[9], qui était hier soir un peu fatiguée.

on craint ici un peu, et avec raison la communication de la scarlatine. Madame DelaRoche est un peu fatiguée et mal en train : elle a de la courbature et un léger mal de gorge, mais elle ne s’en inquiète pas, attribuant un peu à des veilles et à l’état où elle voyait sa fille, ce mal-aise qui n’est pas en effet accompagné de fièvre. Adieu Ma chère amie, à demain j’espère. j’ai reçu ta lettre d’hier ce matin à neuf heures, à la poste même, où Henry m’accompagnait pour le courrier de tours comme je te l’ai dit.

Tout à toi

C. D


Notes

  1. Émilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
  2. La ligne de chemin de fer Paris-Rouen a été inaugurée le 9 mai 1843.
  3. Michel Delaroche et son fils Henri.
  4. Probablement Stéphanie Geoffroy Saint-Hilaire, épouse d'Ami Alexandre Bourjot, et sa belle-sœur, Louise Blacque, épouse d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
  5. Cécile Delessert, épouse de Michel Delaroche.
  6. Paul Delessert, sa femme Pauline Roussac et leurs deux enfants Adrien et Eugène.
  7. Pauline Élise Delaroche, épouse de Charles Latham.
  8. Orcher, au sud d’Harfleur, est connu pour son château dont la terrasse domine la vallée de la Seine et pour ses sources pétrifiantes.
  9. Matilde Delaroche, épouse de Louis François Pochet.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 54-56)

Annexe

Madame

Madame Duméril

Au jardin du Roi

7 rue Cuvier

Paris

Pour citer cette page

« Mercredi 11 septembre 1844. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Ingouville) à sa femme Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_11_septembre_1844&oldid=60865 (accédée le 21 novembre 2024).

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