Mardi 8 décembre 1874
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 8 Décembre 74.
Mon cher Papa,
Quel vilain temps ! il pleut à torrent dans ce moment-ci. Avez-vous aussi ce temps-là à Vieux-Thann cependant cela ne nous a pas empêchées de sortir et nous venons entre deux eaux d’aller sauter pendant une heure chez Marthe[1]. Tante[2] a en ce moment M. Lafisse[3] je crois qu’elle n’a encore eu personne d’autre.
Aujourd’hui j’ai fini tous mes devoirs pour le cours ; aussi ai-je travaillé à mon analyse de catéchisme ; ma pauvre Emilie[4] au contraire n’est pas je crois trop en avance.
Je n’ai pas grand’chose à te dire, mon bon petit père, car depuis Dimanche nous n’avons fait que travailler et aller jouer hier pendant une heure ½ chez Marthe avec Jeanne Brongniart où nous nous sommes énormément amusées.
Je dis que nous n’avons fait que travailler ce n’est pas tout à fait exact car je crois que tu sais que nous savons fort bien de temps à autres nous donner une petite récréation.
Dimanche après t’avoir écrit nous sommes parties au catéchisme où nous avons eu une petite fête. En rentrant nous avons été avec Jeanne chez Marthe où nous avons tant joué et tant couru que le soir nous n’en pouvions plus.
Après le dîner je me suis mise à faire mes tableaux d’histoire, et juge de ma joie lorsque ce bon oncle[5] auquel j’avais demandé un petit conseil s’est mis à m’écrire des titres splendides en gothique.
Nous allons avoir demain au cours[6] deux nouvelles une chez Emilie et l’autre chez moi. Ce sont les petites Fizeau[7]. Elles sont paraît-il très gentilles Mme Pavet[8] les connaît beaucoup car elle était très liée avec leur mère[9]. Nous nous réjouissons bien de les voir.
Jeanne vient d’arriver aussi t’ai-je quitté pendant quelques instants mon bon petit papa. Mme Brouardel[10] sort d’ici elle dînera ici demain avec son fils[11].
Tu sais peut-être que maintenant il va y avoir un cours de physique le Samedi chez Mme Charrier[12] fait par un professeur de Condorcet avec des expériences il a commencé Samedi dernier.
Mon bon petit papa je n’ai absolument plus rien à te dire, tu sais déjà que je t’aime énormément donc je n’ai plus rien de nouveau à t’apprendre car je n’ai comme toi un grand talent pour trouver les petites nouvelles.
M. le Curé[13] quitte Saint-Médard il est nommé à Notre-Dame. On ne connaît pas encore son successeur.
Et à Thann y a-t-il quelque chose de nouveau. J’aimerais bien que M. le curé[14] nous reste à Vieux-Thann.
As-tu des nouvelles de nos amies Berger[15] ?
Adieu, mon petit papa chéri, je t’embrasse un quintillion de fois en te demandant bien pardon pour la saleté de cette lettre elle n’a d’autre but [que] te dire que nous allons tous très bien.
Ta fille
Marie
Notes
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Claude Louis Lafisse.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Cours de MmeBoblet-Charrier.
- ↑ Gabrielle et Antoinette Fizeau.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Thérèse Valentine de Jussieu (†), épouse d’Hippolyte Fizeau.
- ↑ Probablement Elisabeth Coudray, veuve de Pierre Brouardel.
- ↑ Probablement Paul Brouardel.
- ↑ Caroline Boblet, veuve d’Edouard Charrier.
- ↑ Ernest Marie de Geslin.
- ↑ François Xavier Hun.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 8 décembre 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_8_d%C3%A9cembre_1874&oldid=42513 (accédée le 22 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.