Mardi 15 décembre 1874

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)


original de la lettre 1874-12-15 pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-12-15 pages 2-3 (avec mentions ultérieures).jpg


Morschwiller 15 Xbre 1874.

Ma bien chère Aglaé,

J’ai écrit il y a huit jours à ma bonne petite Emilie[1] en réponse à l’excellente petite lettre qu’elle m’avait écrite. Cette lettre que je lui ai adressé a été portée par moi-même au grand bureau à Mulhouse, et cependant je vois par les lettres que Charles[2] a la bonté de me faire parvenir que la mienne n’est pas arrivée à ma chère petite Emilie, je vais donc aujourd’hui prendre une enveloppe à grand format afin qu’elle ne puisse pas glisser entre d’autres. D’abord parlons de ta bonne mère[3] à laquelle je pense souvent, je suis heureuse de la savoir en convalescence ; maintenant il ne s’agit plus que de précautions à observer rigoureusement pendant la durée de l’hiver, embrasse-la bien pour moi ainsi que ton bon père.

Nos chères petites[4] sous la tendre surveillance de leur tante Aglaé et de leur oncle[5] se développent parfaitement de toutes façons. J’aime tant à les suivre par la pensée et il me semble par moments que je les entends. Je n’attendrai pas au mois de septembre pour vous voir tous, ce serait trop long, et au premier printemps, si rien ne s’y oppose, je ferai le voyage de Paris, j’ai déjà dit à ce sujet à ma bonne parente Madame Fröhlich[6].

Au risque de t’ennuyer, il faut pourtant, ma chère Aglaé, que j’en revienne à ma pensée qui est que tu dois te soigner et ne pas te laisser emporter par ton grand courage qui te fait souvent entreprendre des choses au-dessus de tes forces. Tu as dû lire dans le révérend Père Huguet[7] qu’il faut penser aux soins que réclament la santé et le pauvre corps sujet à tant d’infirmités si on ne sait les prévenir par une bonne hygiène.

D’ici je n’ai rien de particulier à te dire, Léon[8] partage toujours son temps entre Morschwiller et Vieux-Thann. Les affaires paraissent reprendre un peu, nos santés sont bonnes, mais cependant les années, à mon mari[9] et à moi, commencent à se faire sentir. J’ai de bonnes nouvelles à te donner de Besançon. Adèle[10] est bien pour son état. C’est vers le 20 Janvier qu’elle attend son petit enfant et j’espère que tout ira bien. A propos de ce drap réclamé par Cécile[11] avec tant d’arrogance, je te dirai qu’écrivant à notre amie Madame Paul, je lui ai demandé si par hasard elle pourrait me renseigner à cet égard et voici ce qu’elle me répond :

C’est moi qui ai porté à teindre le drap en question et l’ayant en paquet chez moi j’ai demandé à M. Mertzdorff[12] s’il m’autorisait à en faire des charités et sur sa réponse affirmative, j’ai eu la satisfaction de le donner à une pauvre famille qui en a fait une couverture et des langes d’enfant.

Adieu bien chère Aglaé, je t’embrasse comme je t’aime ainsi que ton mari, et nos chères petites filles vers lesquelles notre pensée va si souvent. Amitiés bien senties à tes bonnes sœurs[13], respects affectueux à Madame Trézel[14] et à Monsieur Milne-Edwards[15]

Félicité Duméril


Notes

  1. Emilie Mertzdorff.
  2. Charles Mertzdorff.
  3. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  4. Marie et Emilie Mertzdorff.
  5. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  6. Eléonore Vasseur, veuve d’André Fröhlich.
  7. Joseph Huguet.
  8. Léon Duméril.
  9. Louis Daniel Constant Duméril.
  10. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil, enceinte d’Auguste, son 5e enfant.
  11. Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.
  12. Charles Mertzdorff.
  13. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille, belles-soeurs d’Aglaé.
  14. Auguste Maxence Lemire, veuve de Camille Alphonse Trézel.
  15. Henri Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 15 décembre 1874. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_15_d%C3%A9cembre_1874&oldid=41457 (accédée le 26 avril 2024).

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