Mardi 6 mai 1879 (A)
Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mardi 6 Mai 1879
Que t’est-il donc arrivé mon papa chéri ? pourquoi depuis huit jours ne nous as-tu pas donné signe de vie. Nous espérons que ce n’est qu’un surcroît d’occupation qui t’empêche de nous donner de tes nouvelles et que ce n’est pas parce que tu te sens fatigué ou souffrant, car dans ce cas-là nous pensons que bonne-maman[1] nous aurait envoyé de tes nouvelles.
Nous avons eu aujourd’hui les visites de ces deux dames Berger[2] avec Marie et Hélène[3], elles ont l’air enchantées d’être à Paris et très satisfaites de l’emploi de leur temps cet hiver.
Marie[4] a commencé aujourd’hui à suivre le cours de M. Beauregard[5], au jardin ; il lui a fait dessiner des fleurs d’après nature, mais comme tante[6] ne pouvait pas rester absente toute la journée, aujourd’hui Mardi, elle n’est restée au cours que de 1h à 2h1/2. Ce matin nous avons pris notre leçon de dessin[7] ; Marthe[8] et moi nous avons fini nos feuilles de chêne et nous avons commencé un ornement en plâtre.
Hier nous avons assisté au premier cours d’oncle[9] ; il a été très intéressant, mais le pauvre professeur était bien fatigué car il avait été souffrant toute la nuit et n’avait pas dormi, c’est ennuyeux qu’il soit déjà fatigué au commencement.
Le soir j’ai été avec tante au mois de Marie parce qu’on nous avait demandé comme tous les ans qu’une de nous aille tenir la bourse dans l’église et notre pauvre paroisse est si misérable qu’on ne peut pas refuser ce petit service et le fond de bourse qui en est l’accessoire nécessaire. Du reste on donne beaucoup et les ouvriers, les gens qui paraissent les plus pauvres donnent leur sou. L’offrande n’est naturellement pas considérable, mais je trouve que c’est encore plus beau de donner un peu en se privant que de donner beaucoup quand il n’en coûte rien.
Mme Camille Trézel[10] revient ce soir de la Ferté, elle passera quelques jours chez tante Cécile[11] puis partira pour Saint-Claude où elle retrouvera son mari. Il paraît qu’elle va un peu mieux, c’est à dire qu’elle ne se trouve plus mal à tout instant, mais je crois qu’elle n’est pas encore bien forte et qu’elle est encore bien loin d’être remise. Nous aurons demain la grande table des anciens Mercredis[12] car le cercle de la famille s’était bien restreint depuis le départ de M. Camille et les séjours de tante Cécile dans le midi.
Nous avons pris ce matin notre leçon de Mlle Magdeleine ; elle nous a parlé du costume au 15e siècle, c’est un chapitre que je trouve très intéressant et en même temps très drôle, d’autant plus que Mlle Magdeleine présente les choses d’une façon fort amusante.
Adieu mon père chéri, je t’embrasse bien fort et j’espère bien recevoir bientôt de tes nouvelles et de bonnes nouvelles.
J’envoie toutes mes tendresses à bon-papa et à bonne-maman[13]. Ta fille,
Emilie
Tu trouveras ci-joint une procuration d’oncle qu’il m’a bien recommandé de ne pas oublier.
Notes
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Joséphine André, épouse de Louis Berger et Julie André, épouse de Léonce Berger.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
- ↑ Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
- ↑ Ange Louis Guillaume Lesourd-Beauregard.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Leçon de dessin avec Marie Louise Duponchel, qui propose des feuilles en plâtre.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Louise Ida Martineau, épouse d’Antoine Camille Trézel.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Repas de la famille Milne-Edwards.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 6 mai 1879 (A). Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_6_mai_1879_(A)&oldid=41027 (accédée le 14 novembre 2024).
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