Mardi 6 mai 1879 (B)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Ma chère Marie[1]
Il me semble qu’il y a bien longtemps que je ne me suis adressé à toi que je le fais aujourd’hui malgré tes prévisions. J’ai tellement l’habitude d’être entouré de mendiants qu’il ne m’est pas toujours possible d’y répondre. Et puis ne faut-il pas prendre quelques renseignements avant de les satisfaire.
Si ta sœur[2] est aussi misérable qu’elle veut bien me le faire croire elle mérite bien que l’on s’occupe d’elle & de sa petite bourse ; je réfléchirai ce que je pourrai bien lui donner, en attendant comme grande caissière, tu es autorisée à lui faire quelques toutes petites avances que je rembourserai, en attendant je prendrai mes informations & à mon prochain voyage qui n’est plus bien éloigné tout cela se réglera. Car enfin nous ne voulons pas abandonner la pauvrette.
Je t’assure que je me réjouis bien de voir les œuvres de peinture, lorsque tu seras un peu au fait de l’usage de tes pinceaux je suis persuadé que cela t’amusera surtout que tes débuts ne t’ennuient pas.
Léon[3] vient de me dire qu’un jeune ménage est rentré d’Italie avec la même maladie que Mlle Dupoirieux[4], c’est bien heureux que nous n’ayons pas donné suite à mon idée de voyage.
Il est décidé que Marie Duméril[5] ira passer Juillet à Saint-Moritz en Suisse dans la Valceline, c’est bien loin d’ici car il faut toute une journée de Diligence dans les montagnes pour y arriver. D’ici il faut compter 2 jours & faut-il encore s’y prendre 3 mois à l’avance pour trouver de la place dans le seul hôtel qui exploite les bienheureux baigneurs [le bain] se trouve à la hauteur du Rigi Kulm aussi la saison y est-elle bien courte car il fait froid de bonne heure.
Ma belle-sœur n’est pas trop mal & se sent un peu mieux, mais elle garde encore souvent le lit, tandis que Mlle Hélène[6] n’aspire qu’à être une grande & belle fille, qui bavarde beaucoup me dit-on, mais je l’intimide tellement qu’elle ne veut jamais me dire Oncle. Je lui pardonne, par expérience ?
Depuis longtemps je n’ai reçu de nouvelles de Nancy, ma chère sœur[7] fait la paresseuse je sais qu’ils vont bien.
Tante Mertzdorff[8] est toujours à Saint-Amarin mais elle n’est pas venu à Vieux-Thann comme elle me l’avait promis. l’on m’a dit hier qu’elle devait rentrer à Paris Jeudi prochain de sorte que je n’aurai fait que l’entrevoir une demie heure.
Notre inventaire est terminé, le 15 de ce mois nous réunissons nos nombreux actionnaires & après je serai à votre disposition pour aller vous voir à Paris & vous demander de m’accompagner à Vieux-Thann à moins que vous ne préfériez passer votre été tout entier à Paris.
Comme à la Capitale il fait froid ici aussi & la végétation ne fait aucun progrès les [Arbres] de l’allée sont en fleur depuis 3 semaines sans défleurir ; je ne sais trop si cela donnera du fruit & du bon fruit. Ce serait dommage car la floraison est magnifique partout.
Il fait froid, mais ne gèle pas. C’est un mauvais vent Nord-Est auquel nous devons cette température anormale, se promener est désagréable, cependant les Jardins sont beaux voilà les arbustes qui commencent à fleurir, mais non le lilas.
Maître Vogt[9] est de nouveauCocher, Michel[10] est malade depuis quelques jours, mais ce qui est plus grave, c’est que j’ai perdu l’un de mes chevaux & qu’il me faudra avant votre arrivée chercher à me procurer un autre cheval, un seul ne suffisant pas, ce qui est un ennui parce que je n’y entends rien.
Dimanche j’ai adressé à sœur Bonaventure 50 F pour régaler tout son monde d’un bon dîner ; c’était jour de première communion & elle désirait donner une petite fête.
Tu ne me le dirais pas que je ne croirai pas qu’il y a déjà si longtemps que tu as fait ta première communion, c’était alors une bien belle fête, nous étions tous réunis & tu comprends que je regrette ce temps !
Cela ne vaut pas la peine de prendre une autre feuille de papier, les évènements ne sont pas nombreux à Vieux-Thann, surtout ceux qui peuvent vous intéresser. Si je ne vous parle des santés c’est que tout le monde va bien.
Il ne me reste que cette petite place pour vous embrasser tous comme je vous aime.
ChsMff
Notes
- ↑ Lettre non datée, probablement écrite le 6 mai 1879.
- ↑ Emilie Mertzdorff.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Pauline Dupoirieux.
- ↑ Marie Stackler épouse de Léon Duméril et belle-sœur de Charles Mertzdorff.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
- ↑ Caroline Gasser, épouse de Frédéric Mertzdorff, et tante de Charles Mertzdorff.
- ↑ Ignace Vogt.
- ↑ M. Michel, cocher de Charles Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 6 mai 1879 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_6_mai_1879_(B)&oldid=41028 (accédée le 14 novembre 2024).
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