Mardi 29 juillet 1879 (A)
Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mardi 29 Juillet.
Mon cher Charles,
Marie[1] va bien et si elle n’est pas très robuste, elle ne se plaint pas de fatigue et paraît en train. Nous nous sommes cependant occupés de suite de trouver un médecin qui pût nous donner quelques conseils sur la direction à suivre pour sa santé.
Alphonse[2] a été trouver M. Gosselin[3] et lui a demandé ce qu’il ferait en pareil cas. M. Gosselin lui a beaucoup recommandé M. G. Empis[4] ; il lui en a fait un grand éloge, lui disant que la plus grande preuve de confiance qu’il pouvait lui donner avait été de mettre entre ses mains la santé de sa femme[5] et celle de sa fille, et qu’il n’avait eu qu’à s’en louer. C’est un homme instruit, a-t-il ajouté, plein de jugement et de conscience qui s’intéresse à ses malades et ne les considère pas comme une simple exploitation.
M. Gosselin recommande aussi, si on ne veut pas s’adresser à M. Empis, M. Peter[6] en seconde ligne et en troisième M. Fernet[7]. Alphonse n’a pas voulu s’en tenir là et, pour entendre un autre cloche, il a été voir Paul Brouardel dont les conclusions ont été les mêmes après avoir compulsé sa liste de tous les médecins des hôpitaux et de la Faculté. Cependant il écarterait M. Peter qui lui semble un peu fantaisiste. Quant à M. Fernet il en pense du bien mais c’est un homme encore trop jeune pour lui conduire Marie ; il a à peine 40 ans. D’après tout ceci ne pensez-vous pas que nous devons aller voir M. Empis, il a 55 ans, c’est un excellent père de famille[8], ce qui ne nuit pas ; il est à ce que dit Alphonse très estimable et n’a jamais passé pour charlatan. Les collègues des hôpitaux et de l’Académie de Médecine en font grand éloge, ne devons-nous pas nous en tenir à lui. Si on juge d’après la manière dont il a soigné Jeanne Brongniart on doit avoir confiance en lui ; elle était loin d’être bien et les conseils du médecin qui avait commencé à la soigner, n’avaient fait qu’aggraver son état ; ce n’est qu’à partir du moment où elle a été sous la direction de son oncle Empis que sa guérison a commencé. Notre blanchisseuse ne parle de M. Empis que comme du sauveur de sa fille qui était quasi abandonnée par les autres médecins qu’elle avait consultés ; il l’a, paraît-il, complètement guérie d’une sorte d’hydropisie. Il me semble aussi que connaissant Alphonse, M. Empis fera plus d’attention à sa nouvelle cliente. Donc si vous n’y voyez pas d’inconvénient je conduirai Marie le consulter et je vous tiendrai au courant du résultat de son examen.
Dites-moi bien franchement, mon cher Charles, ce que vous pensez de tout ceci ; car vous savez combien nous sommes désireux de ne faire qu’un avec vous dans tout ce qui regarde vos chères filles.
Nos pensons exactement de même, et nous poursuivons le même but ; aussi, si j’avais l’idée que vous avez une arrière-pensée, j’en serais désolée.
Croyez, mon cher Charles à nos sentiments les plus affectueux et dévoués.
AM Edwards
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff, fille de Charles.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé.
- ↑ Le médecin Léon Gosselin.
- ↑ Georges Simonis Empis.
- ↑ Marie Bussy épouse de Léon Gosselin et mère d’Adrienne Gosselin.
- ↑ Michel Peter.
- ↑ Charles Fernet.
- ↑ Georges Simonis Empis, père d’Isabelle, Lucien et Henri Simonis Empis.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 29 juillet 1879 (A). Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_29_juillet_1879_(A)&oldid=42511 (accédée le 21 novembre 2024).
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