Mardi 1er novembre 1842
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Amiens) à sa femme Alphonsine Delaroche (Paris)
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Amiens 1er Novembre 1842
Chère amie, me voilà à Amiens comme tu vois : parti à 6 heures de Rouen, j’étais ici à 7 heures du matin. La nuit a été belle et grâce à la précaution que j’avais eue à mon départ, de faire garnir de paille la place que je devais occuper dans le coupé, je n’ai pas ressenti le moindre froid aux pieds. je n’ai pas échangé d’autre parole avec la personne qui est venue prendre une 2e place, que de le prier d’éteindre sa pipe, qu’il venait d’allumer, au moment où il montait hors la ville. je ne suis aucunement fatigué de la route. Madame Duval[1] est rentrée en ville pour m’y recevoir. un domestique m’attendait à la descente de voiture et je suis descendu chez elle comme j’en étais convenu par une lettre que j’avais adressée du Havre à madame Dupont[2].
je n’ai encore vu que Duval[3] que j’ai trouvé au lit avec une léger atteinte de goutte au gros orteil : cependant il vient de se lever pour déjeuner avec nous. M. Dupont, sa femme et ses deux enfants[4] sont venus assister à ce premier repas. Tout le monde est très bien. tout à l’heure je vais sortir avec M. Dupont qui me prendra à sa sortie de la messe pour me conduire chez Raoul[5] et chez Madame Bourgeois[6] puis, qui me promènera à pied, comme je l’ai préféré plutôt que d’accepter la voiture qui m’a été offerte par Madame Duval.
je viens de recevoir ta lettre datée d’hier, et pour y répondre, dans la partie qui t’intéresse le plus, je te dirai que M. DelaRoche[7] trouve très bien et fort à propos nos arrangements domestiques. je t’ai dit, je pense, que madame DelaRoche et Émilie connaissent les projets d’Auguste[8] et que tout le monde l’approuve. il en est ici de même car Madame Duval et son mari ont été les premiers à m’en parler et trouvent assez déplacées les répugnances manifestées par Ma belle-sœur Auguste[9] et le retard apporté volontairement à cette union.
je dois dîner aujourd’hui en famille chez Madame Duval : demain elle m’a manifesté le désir qu’elle aurait de réunir chez elle MM. Le Merchier[10], Barbier[11] et quelques autres Médecins auxquels elle croit faire plaisir en m’étant agréable. jeudi ma place est retenue pour l’intérieur de la diligence qui part d’ici à sept heures du soir. de sorte qu’il y aura encore un dîner ce jour-là. je me rappelle que Madame Duval m’a dit que demain elle devait avoir un omnibus qui doit nous conduira en famille à Laleu[12]. il se pourrait alors que le grand dîner, dont je te parlais tout à l’heure, n’ait lieu que le jour de mon départ, à moins que l’on ne revienne à la ville de bonne heure, mais j’ai peine à croire que cela puisse avoir lieu puisque madame Duval n’aurait pas le temps d’y présider.
je te remercie des bons détails que tu me donnes sur la manière dont tu as été occupée ces jours-ci et sur l’état prospère de la famille de la rue St Victor[13].
Duval m’a paru approuver très fort ainsi que toute la famille les projets d’Auguste. ils connaissent et apprécient les qualités de sa cousine dont ils font grand cas, en me témoignant tout le bonheur qu’ils en attendaient pour nous.
adieu, Ma chère amie, il est probable que je ne t’écrirai pas de nouveau d’ici à moins qu’une lettre de toi n’exige une réponse. reçois donc pour toi et les nôtres les tendres témoignages d’affection de ton ami en attendant que je puisse t’embrasser
C. Duméril
Notes
- ↑ Flore Maressal, épouse d’Augustin Duval.
- ↑ Léonide Duval, épouse d’Alphonse Dupont.
- ↑ Augustin Duval.
- ↑ Alphonse Dupont et Léonide ont alors deux enfants : Suzanne et Georges.
- ↑ Charles Edmond Raoul Duval, dit Raoul-Duval.
- ↑ Octavie Duval, épouse d’Hippolyte Bourgeois.
- ↑ Michel Delaroche, frère d’Alphonsine, sa femme Cécile Delessert et leur fille Emilie.
- ↑ Le fils d’André Marie Constant Duméril fait le projet d’épouser sa cousine Eugénie Duméril.
- ↑ Alexandrine Cumont, épouse d’Auguste Duméril l’aîné.
- ↑ Charles Gabriel Lemerchier.
- ↑ Jean Baptiste Grégoire Barbier.
- ↑ Laleu, petite commune du canton de Molliens-Vidame, arrondissement d’Amiens.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril, sa femme Félicité et leurs deux enfants, Caroline et Léon.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 34-37)
Annexe
Madame
Madame Duméril
7 rue Cuvier
Paris
Pour citer cette page
« Mardi 1er novembre 1842. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Amiens) à sa femme Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_1er_novembre_1842&oldid=60562 (accédée le 21 novembre 2024).
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