Mardi 14 février 1882

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Vieux-Thann le 14 février 82.

Ma chère Marie

Ta bonne lettre est venu me réjouir à temps, car depuis mon retour[1] je ne suis pas de bien bonne humeur. le malheur Henriet n’est que trop vrai, & je me préoccupe beaucoup de Madame[2] qui est la plus malheureuse des femmes. la Justice informe, H a dû déposer une caution pour ne pas être enfermé. la femme est couchée & l’on craint bien qu’elle ne se relèvera plus.

J’avais un instant pensé lui offrir une retraite chez moi & à cet effet j’ai envoyé sœur Bonaventure à Colmar. mais cette bonne sœur a trouvé la dame dans son lit dans un état à ne plus la reconnaître, une telle misère, un tel désarroi que l’on se croirait dans une maison de fou. La sœur est rentré toute seule & a dû se mettre au lit tellement cette grande misère l’a éprouvée. J’étais la voir hier dans son lit & espère la savoir levée dans 2 à 3 jours.

M. Paul Baudry est aussi venu me voir, sa femme[3] est à Nancy. Quelle famille misérable.

Cette affaire m’a comme tu vois occupé bien désagréablement, mais je n’irai pas les voir. Impossible de me trouver en présence de ce vilain homme.

La petite Jeanne est dit-on une coquette qui fait pas mal parler d’elle ! ce qui fait l’éducation ou pour être dans le vrai, la Non éducation. Mais assez de ce malheur.

J’ai laissé Zaepffel[4] toujours très triste & démonté, il va cependant à la préfecture & travaille tant qu’il peut. mais sa mine est toujours très altérée & il n’a pas encore su se faire à son isolement.

Hélène[5] va bien, très bien même, les nuits sont relativement bonnes, elle mange parfaitement, même beaucoup & souvent & s’en trouve bien, elle sort dès le matin, va à pied au Moulin, ou à Thann, après le dîner promenade encore & des plus longues, tout cet air qu’elle respire le fait le plus grand bien ; le temps est superbe, cependant pas assez chaud pour rester assis dehors. Outre ces promenades à pied, elle fait encore un bon tour en voiture. Mlle Oberlé[6] est ici auprès de Mme Stackler[7]. Les Léon[8] sont toujours logés à l’étage supérieur. depuis quelques jours Marie garde le lit, mais ne va pas mal ; je ne sais pas où elle en est de sa grossesse ; je suis un peu inquiet de ce côté.

Pendant mon absence Thérèse[9] était assez souffrante de névralgie à la tête, depuis que je suis rentré elle va bien & continue avec son ardeur habituelle les soins dans la maison.

Marie Rich[10] a une petite fille[11] depuis hier soir, l’on me dit qu’elle va bien ainsi que l’enfant. l’on aurait aussi préféré un garçon.

Le mariage d’Hélène[12] paraît fixé au Mardi de Pâques.

Voilà déjà la cloche de midi qui sonne & j’avais beau me presser je suis en retard.

Je te prie d’embrasser Jeanne[13], Marcel[14] & Émilie[15] pour moi. tout à toi

ton père ChsMff   


Notes

  1. Charles Mertzdorff est venu à Paris pour l’enterrement de Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers, décédée le 25 janvier.
  2. Louis Alexandre Henriet et son épouse Célestine Billig.
  3. Jeanne Henriet (née en 1857), épouse de Paul Baudry.
  4. Edgar Zaepffel, dont l’épouse Émilie Mertzdorff vient de mourir.
  5. La petite Hélène Duméril.
  6. Clémentine Oberlé.
  7. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  8. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler, qui accouchera en juin d’André Duméril.
  9. Thérèse Neeff, bonne chez Charles Mertzdorff.
  10. Marie Berger, épouse de Paul Henri Rich.
  11. Gabrielle Rich.
  12. Hélène Berger va épouser Émile Poinsot.
  13. Jeanne de Fréville.
  14. Marcel de Fréville.
  15. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 14 février 1882. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_14_f%C3%A9vrier_1882&oldid=42678 (accédée le 26 avril 2024).

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