Lundi 29 mars 1915

De Une correspondance familiale


Lettre de Guy de Place (Besançon) à Jacques Meng (Fellering)


original de la lettre 1915-03-29 pages 1-4.jpg original de la lettre 1915-03-29 pages 2-3.jpg


Reçu le 1-4-15 par M. Mura
Répondu le 5 Mai par M. Mura

Besançon le[1] 29 Mars 1915

Mon cher Monsieur Meng

Mura qui est repassé par Besançon en revenant de Paris vous rapportera ces lignes. Elles vous trouveront je pense en bonne santé. J’ai donné des ordres à Auguste[2] pour qu’il loue à Urbès[3] un petit local pour y ranger ceux de mes meubles qui pourraient vous encombrer. Par contre je désirerais que vous gardiez auprès de vous tout ce qui pourrait rester d’objets précieux et tous les papiers qui sont encore en votre possession.

Depuis le voyage de M. ZWingelstein j’ai pu correspondre avec M. Froissart[4], président de notre Conseil d’administration et avec M. Jaeglé[5] au sujet des questions que ce voyage avait soulevées. M. Jaeglé a dû vous écrire en vous disant de prendre pour base des subventions les anciens chiffres réduits de 20 %. Je suis entièrement d’accord avec cette proposition… Ceci d’ailleurs ne change rien à tout ce que je vous écrivais dans ma dernière lettre dont le contenu a l’entière approbation du Conseil. Nous voulons nous efforcer que chacun ait de quoi vivre le plus longtemps possible, mais sans aucun abus. Tout ce qui reçoit des subventions communales ou gouvernementales ou qui a trouvé une situation ailleurs [  ] (employés ou ouvriers) doit être réduit en conséquence et nos propres subventions supprimées lorsque le reste suffit. Enfin si nous voulons faire notre possible pour venir en aide à tout le monde dans la mesure de nos moyens nous entendons aussi trouver chez nos ouvriers et surtout chez nos employés la preuve de leur attachement et de leur dévouement à la Maison. Il y en a parmi eux qui ont été admirables et auxquels on n’a jamais eu recours en vain. Un jour viendra je pense où nous pourrons les récompenser. Il y en a malheureusement d’autres qui déclarent cyniquement qu’ils ne voient pas pourquoi ils s’exposeraient, alors qu’on peut avoir besoin d’eux pour une question touchant leur service normal… à ceux-là vous répondrez de ma part que leur manière de voir est parfaitement légitime, mais qu’il est non moins légitime de notre part de supprimer radicalement et pour toute la durée de la guerre les secours qui constituaient la preuve de notre attachement à leur personne.

Mura suppose qu’on va réquisitionner toutes nos pièces. Vous aurez sans doute besoin de J. Burgunder pour ce qui est à l’écru. Vous ferez appel à ses services et s’il refuse vous n’insisterez pas, vous agirez en conséquence.

Je vous confirme de la part de M. Froissart ce que je vous ai dit au sujet du traitement des sœurs même si elles sont occupées ailleurs. Tout ce qu’elle pourra demander est à lui accorder (vin, charbon, etc.) et elle n’a aucune justification à fournir de l’emploi de l’argent, ni du reste. Nous y tenons essentiellement.

Veuillez dès le reçu de la présente dire à Gros-Roman que j’ai reçu leur dépêche et que j’attendrai avec grand plaisir M. Jacques Gros [  ] jeudi à mon hôtel.

Recevez, mon cher Monsieur Meng, avec mes compliments pour Madame Meng[6], mes cordiales salutations.

G. de Place

Veuillez donner connaissance de cette lettre à M. Zwingelstein. Vous voudrez bien rembourser à Mura et Auguste tous leurs frais de voyage au débit de mon compte.


Notes

  1. Papier à en-tête : Grand Hôtel de l’Europe de la Poste Attenant au nouvel Hôtel des Postes Gustave  Point, Propriétaire 11,13,15, Rue de la République (Anciennement Rue St-Pierre) Adresse télégraphique : Point-Besançon Téléphone  1 . 66 Chauffage Central – Electricité dans toutes les Chambres Salle de Bains - Estaminet - Grand Jardin Auto-Garage Fermé
  2. Auguste Gribling.
  3. Urbès, commune dans l’arrondissement de Thann.
  4. Damas Froissart.
  5. Georges Jaeglé.
  6. Marie Gayot, épouse de Jacques Meng.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 29 mars 1915. Lettre de Guy de Place (Besançon) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_29_mars_1915&oldid=60838 (accédée le 21 novembre 2024).

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