Lundi 26 décembre 1864
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
26 Décembre 1864
Ma chère petite Gla,
Voilà comme je les aime les lettres ; c’est bien cela qu’il me faut du long et du large, seulement pas si rare, enfin j’attends, l’espérance est une douce chose.
Comment vont vos santés ? c’est là l’important. Ici l’hiver est arrivé avec la veille de Noël. Nous autres parisiens nous ne connaissons pas cela. Jeudi dégel, et Samedi 14 degrés en dessous de zéro, accompagnement de vent. C’est à vous suffoquer, mais beau soleil et temps clair, les montagnes se dessinant sur le ciel ; aujourd’hui il neige un peu. On casse la glace sous mes fenêtres avec l’aide d’eau bouillante. Mais le froid est très supportable. On promet mieux que cela.
Nos fêtes de Noël se sont très bien passées.
La distribution des habits aux enfants Samedi matin a été très gentille. Nos fillettes[1] ont tout donné < > (elles étaient bien heureuses) des < >, des pommes, des images et l’utile, des petites pièces de leur tirelire (gardez je vous prie ce que je vous écris comme cela pour vous !) Après le dîner à 2 h je suis allée à l’Eglise à Thann, j’ai été très contente de M. le curé de Thann[2], c’est un respectable prêtre qui a su me dire de ces paroles qui font aimer le bon Dieu. Ce sera pour moi un second M. Moreau j’espère. A 3 h j’étais de retour et j’ai été rejoindre Georges[3] qui faisait l’ouvrage du petit Jésus. Nous avons continué à accrocher jusqu’à la nuit. Notre arbre était magnifique, nous autres parisiens nous ne connaissons pas encore cela, ce sont des centaines de petits objets en sucre et gâteau ayant forme d’animaux, de soufflet, de pipe, de couteau, de <hache>, de fleurs && et tout cela dans de jolies proportions puis des petits sujets, œuvre d’art véritable, des bougies allumées et la table qui sert de pied à l’arbre couverte du petit ménage < > et des images ; croirais-tu que ce sont des dernières qui leur ont fait le plus de plaisir ?
Dimanche j’était à l’Eglise pour communier, puis la messe et au retour nous avons cherché l’arbre du Noël partout et ce n’est qu’après avoir parcouru la maison que nous sommes arrivés au salon bleu où le petit Jésus était venu, sans bruit, apporter l’arbre merveilleux pour des petites filles sages.
Les petites amies[4] sont venues passer l’après-midi ; nous avons tiré en loterie beaucoup de petits objets, c’est ainsi que l’arbre se dépouille, tout cela se donne successivement.
Les oranges sont très bonnes et sont arrivées en très bon état, ainsi que la carte qui a été trouvée magnifique. Dis à papa[5] que nous le remercions bien et que ça ne pouvait pas être mieux.
Aujourd’hui M. Henriet vient dîner avec nous, demain nous allons Charles[6] et moi à Colmar, nous partirons à 7 h et reviendrons à 10 h du soir. On[7] nous avait attendus à notre retour de Paris aussi nous devons faire cette petite visite.
Voilà ma chérie, toutes nos nouvelles. Nous vous embrassons bien fort et vous aimons tous beaucoup. Ça fait du bien de s’être revues. Quand commencerez-vous à recevoir ? Vas-tu déjà dans le monde ? Et tes belles-sœurs[8] en as-tu de bonnes nouvelles ?
Adieu, ma chérie. Quelle écriture ! c’est honteux. Mes petits choux embrassent tante Aglaé dont on parle toujours.
Sœur affectionnée
Eug. Mertzdorff
Dans la caisse <au vin> tu trouveras une < > de ciseaux, c’est à maman[9]. Je n’ai pas pu mettre tes livres.
Notes
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff, filles de Charles.
- ↑ Jean Baptiste Grienenberger.
- ↑ Probablement Georges Léon Heuchel.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
- ↑ Allusion probable à Emilie Mertzdorff et son époux Edgar Zaepffel.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards épouse de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 26 décembre 1864. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_26_d%C3%A9cembre_1864&oldid=40441 (accédée le 15 novembre 2024).
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