Dimanche 11 décembre 1864
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
11 Xbre 64
Ma chère petite Gla,
Déjà 4 jours que je vous ai quittés. Comme les meilleures choses passent vite. Notre voyage à la capitale n’est plus qu’à l’état de souvenir, mais doux souvenir car nous avons été bien heureux de nous trouver auprès de vous ; et vous tous si bons, si affectueux avec nous que nous aimons à reparler de ce voyage. Malheureusement les derniers jours ont été empoisonnés par l’affreuse nouvelle de la mort de notre chère Amélie[1]. Sans cesse je pense à elle, à son pauvre mari et à sa petite fille qui n’aura pas même le souvenir de sa pauvre petite mère. Que de douleurs. Et pour toi aussi je comprends le vide que tu vas éprouver. Amélie et Caroline[2] étaient nos meilleures amies, les seules avec lesquelles le cœur s’ouvrait tout entier ; nous devons avoir la confiance qu’elles sont heureuses maintenant, nous qui connaissions tout leur mérite ; elles étaient trop parfaites pour ce monde, leur tâche était déjà accomplie. Ecris-moi, dis-moi ce que tu penses, ce que tu éprouves, tu sais comme je t’aime, et tu ne dois pas craindre que tes lettres soient vues.
Ici à notre arrivée tout le monde nous a fait fête ; les petits choux[3] surtout ne pouvaient se rassasier de nous embrasser, Mimi est tellement sage que quelques fois ça me préoccupe, cependant elle est bien gaie. La pauvre petite a souffert presque toute la nuit du mal de dent, je crois que c’est une grosse dent du fond qui veut déjà percer, on aperçoit 2 petites pointes blanches ! c’est trop tôt. Je l’ai prise dans mon lit et comme cela nous avons pu dormir autant l’une que l’autre (mon lit est très large) parce que sans cela j’étais toujours découverte pour la recouvrir &&
Décidément nous sommes la Sibérie à côté de vous, nous avons une belle gelée avec il fait assez froid mais le soleil brille et nous allons sortir sitôt le dîner comme ces 2 jours-ci. Hier j’ai eu les Duméril[4], on m’a chargé encore de mille choses pour vous ; je ne saurait te dire combien on m’a fait parler sur M. Soleil[5], j’en ai encore le gosier desséché. Ils vont remettre leur voyage pour être au mariage d’Adèle.
Maman[6] m’écrit que la séance de la Sorbonne a très bien réussi. Charles[7] va s’occuper de vous expédier les <martis>, je t’en donnerai avis lorsqu’elles partiront, il faut des boîtes.
Je viens d’écrire à Céline[8], je ne l’avais pas encore fait.
Adieu, ma Chérie, remercie bien maman pour sa bonne lettre, dis-lui que nous avons été bien heureux chez elle et que je suis bien contente de lire vos chères écritures. Je t’embrasse < > joues
Sœur amie
Eug. Mertzdorff
Voilà la carte que maman demande.
Notes
- ↑ Amélie Desmanèches, épouse d’Emile Delapalme, est décédée le 3 décembre lors de la naissance de la petite Geneviève.
- ↑ Caroline Duméril, première épouse de Charles Mertzdorff, décédée en 1862.
- ↑ Marie (Mimi) et Emilie Mertzdorff, filles de Charles.
- ↑ Louis Daniel Constant et Félicité Duméril, parents de Caroline ; peut-être aussi leur fils, Léon Duméril.
- ↑ Félix Soleil, futur époux d’Adèle Duméril.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
- ↑ Probablement Céline Desmanèches, sœur d’Amélie décédée.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 11 décembre 1864. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_11_d%C3%A9cembre_1864&oldid=56234 (accédée le 18 décembre 2024).
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