Lundi 22 octobre 1877
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 22 Octobre 1877.
Mon cher Papa,
Nous voilà revenues et nous sommes enchantées de notre journée d’hier, je vais te la raconter en détail afin que tu puisses te figurer que tu es venu avec nous.
D’abord le matin nous avons eu à déjeuner Jean[1] et Charles Brongniart, ce dernier est depuis 15 jours en pension chez un professeur qui le fait travailler pour son examen, ses parents[2] sont encore au Chalet plutôt sa mère et Jeanne[3] car M. Brongniart est souvent forcé de venir à Paris pour ses inspections et examens de dessin. Jean est toujours ravi, on le taquine mais il se défend énergiquement et il en a trouvé d’autres au contraire qui sont charmants pour lui ; il s’est surtout lié avec un petit Delapalme[4] qui est entré au collège en même temps que lui et qui se trouve être cousin des Delapalme que tante[5] connaît, c’est un bon garçon très bien élevé.
Après le déjeuner nous avons été à la messe puis chez bonne-maman Desnoyers[6] qui n’est revenue que Samedi soir à 10h, nous avions été à sa rencontre à 5h en sortant du cours et ce n’est qu’en rentrant que nous avons trouvé la dépêche qui nous disait que l’omnibus de Nogent était arrivé trop tard et que bonne-maman ne pourrait partir que le soir.
Nous l’avons trouvée bien comme toujours quand elle revient de la campagne. Enfin nous sommes rentrés nous habiller en toute hâte et à 1h ½nous étions en chemin de fer roulant vers Saint-Michel ; il faut environ une heure pour arriver à cet endroit ; là la voiture de M. Grandidier nous attendait pour nous conduire à ½ de là à Fleury-Mérogis. Superbe voiture avec de beaux laquais. M. et Mme Grandidier[7] nous attendaient, ils ont été très aimables et d’une simplicité extraordi très grande ce qui est toujours beau dans la position où ils sont ; Fleury est un grand château antique (il date de Louis XIII) très beau mais pas trop élégant ; le parc est immense ce sont de ces grandes avenues à perte de vue des anciens jardins français, nous nous y sommes promenés longtemps on est au milieu de la campagne au loin on aperçoit Corbeil, on se croirait à 500 lieues de Paris. Guillaume[8] nous a beaucoup amusées c’est un très gentil enfant extrêmement fort et vigoureux et qui est élevé assez sévèrement aussi est-il d’une sagesse remarquable. Sa sœur Gilberte[9] qui a 4 mois est bien plus drôle encore c’est un énorme enfant et elle a la tête couverte de cheveux noirs longs et touffus jamais nous n’avions vu cela. A 6h ½ nous avons dîné puis la voiture nous a reconduites au chemin de fer, à 11h nous étions ici par un temps superbe et exceptionnellement doux qui fait même craindre la pluie.
Adieu mon père chéri, me voilà encore courant, tante est venue nous chercher plus tôt que je ne pensais ; nous allons chez Mme Dumas[10] qui n’est pas encore parfaitement bien et chez MmeFoussé[11] et chez ma cousine Fidéline[12] pour lui porter ce que tu nous as remis. Je t’embrasse donc bien vite et bien fort, mon papa chéri, à bientôt une lettre plus posée.
Ta fille qui t’aime beaucoup,
Marie
Notes
- ↑ Jean Dumas, qui vient d’entrer au collège Stanislas.
- ↑ Edouard Brongniart et son épouse Catherine Simonis.
- ↑ Jeanne Brongniart, sœur de Charles.
- ↑ Probablement Pierre Delapalme.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Alfred Grandidier et son épouse Jeanne Louise Marie Vergé.
- ↑ Guillaume Grandidier, 4 ans.
- ↑ Gilberte Grandidier.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Céline Silvestre de Sacy, épouse de Frédéric Foussé.
- ↑ Fidéline Vasseur.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 22 octobre 1877. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_22_octobre_1877&oldid=55865 (accédée le 21 novembre 2024).
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