Jeudi 8 mai 1879
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 8 Mai 1879
Mon Père chéri,
Merci mille fois pour ta longue lettre d’hier qui était attendue fort impatiemment car tu nous[1] as tant gâtées cette fois que 8 jours sans nouvelles nous avaient paru longs ! voilà bien ce que c’est n’est-ce pas ? Plus on donne plus on demande.
Si vous gelez nous gelons aussi ; nous avons le temps le plus extraordinaire qu’il soit possible d’avoir ; Mardi à 7h du matin il étouf y avait [23°] on étouffait on se croyait en plein été, on ne parlait que de faire des robes de toile ; mais au milieu de la journée, tout d’un coup le temps change et se refroidit et à 6h il tombe une pluie torrentielle accompagnée de grêle au grand désespoir de toutes les personnes sorties le matin légèrement vêtues et avec des ombrelles. Hier le même temps froid et désagréable a duré toute la journée, ce matin le soleil a l’air de se lever un peu plus gaiement mais il se pourrait qu’il soit repris dans l’après-midi de ses petits accès de fièvre. Du reste il peut faire ce qu’il voudra il ne nous gênera pas beaucoup ; nous devons seulement aller au cours de M. Beauregard[2] qui se fait derrière le laboratoire d’oncle[3] dans une petite annexe ; comme tu sais, j’y ai déjà été une fois et cela m’a beaucoup amusée ; le local est grand, très bien éclairé, chaque élève a sa petite table, le public est un peu commun mais bien, il y a une cinquantaine de dames et de demoiselles ; pour la 1ère fois j’ai seulement dessiné une fleur d’après nature mais j’aspire à pouvoir bientôt les peindre ; je vais avoir dans une heure ma leçon ici et je tremble car je n’ai pas grand chose à présenter à mon professeur qui aime cependant joliment qu’on travaille. Je crois que je vais trop doucement car je passe sur la même fleur un nombre considérable d’heures et quand je serai à la nature mon modèle ne m’attendra pas. Mardi nous avons eu la visite des dames Berger[4] qui sont à Paris depuis 8 jours ; d’après ce que tu m’avais dit nous ne les croyons pas encore arrivées. Marie et Hélène ont très bonne mine et paraissaient ravies d’être à Paris, elles se préparaient déjà à aller au spectacle. Il paraît qu’elles ont vu Marie Stoecklin qui est venue aussi ici avec sa cousine Mme X*** ?, c’est un singulier Mentor et j’aime mieux que ce soit Marie que moi qui soit sous sa tutelle. Après les dames B. nous avons eu Lucile Denormandie qui nous a fait une longue visite ; enfin les dames Clavery[5] avec le jeune 1er communiant[6] qui est bien gentil. Hier nous avons été visiter la Sainte-Chapelle et le palais de Justice avec Mlle Magdelaine, puis de là nous avons été à la leçon de piano, chez Paulette[7], et enfin au bon Marché.
Tu vois que nous n’avons pas perdu de temps ; le soir nous avons eu un dîner de famille[8] assez complet, Mme Camille Trézel[9] est à Paris depuis 2 jours et restera une semaine, elle demeurera chez Mme Dumas[10].
Adieu mon petit Papa chéri, à bientôt, en attendant je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime
ta fille
Marie
Notes
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ Ange Louis Guillaume Lesourd-Beauregard.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, au Jardin des plantes.
- ↑ Joséphine André, épouse de Louis Berger, et ses filles Marie, Hélène (et Julie ?) Berger.
- ↑ Amica Le Roy de Lisa veuve d’Amédée Clavery et sa belle-fille Marie Philiberte Ferron, épouse de Paul Clavery.
- ↑ Amédée Clavery (9 ans) plutôt que son frère aîné Edouard (12 ans) ?
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ La famille Milne-Edwards.
- ↑ Louise Ida Martineau, épouse d’Antoine Camille Trézel.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 8 mai 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_8_mai_1879&oldid=40168 (accédée le 21 novembre 2024).
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