Jeudi 6 juillet 1871 (B)
Lettre de Marie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Montmorency 6 Juillet 1871[1]
Mon cher papa,
Je te griffonne quelques lignes en toute hâte pour te dire et te remercier de ta bonne lettre que j'ai reçue hier matin.
Maman[2] nous avait conduites au marché ce qui nous a beaucoup amusées et nous rentrions voilà que nous rencontrons le facteur qui nous dit avoir porté deux lettres une à Mme et l'autre à ces Mlles[3]. Notre imagination se met de suite en mouvement mais je ne pouvais espérer que ce fût de toi. Juge de ma joie en reconnaissant ta chère écriture, maman a aussi reçu ta lettre où tu lui annonces le petit incendie. Que tu dois être tourmenté et fatigué pauvre cher papa et que j'aimerais être auprès de toi !
Je t'écris en attendant l'heure de partir à Paris au moment où nous nous disposions à partir par le train de 9h moins 5mn les Prussiens arrivent, bonne-maman[4] part à la mairie et je t'écris pendant qu'on les installe on est venu dans la cuisine malheureusement il savait un peu le français et je n'ai pu me servir du peu que je sais j'aurais cependant été bien gênée il faut que je te l'avoue. Il y a 6 chevaux et 6 hommes. Tu me pardonneras donc ce griffonnage écrit si précipitamment seulement pour te remercier et te dire que nous allons toujours parfaitement. Cette petite cochonnerie ne vaut certes pas les 50 c de port.
Je te raconterai en détail notre visite à la capitale je sais que nous allons déjeuner chez Mme Lafisse[5] où se trouveront probablement oncle Alfred[6] et tante A[7].
Aujourd'hui bonne-maman est un peu fatiguée je vais t'envoyer dans ma lettre le jasmin qu'Emilie[8] et moi t'envoyons et dont maman te parle dans sa lettre d'hier. L'affaire des prussiens est arrangée à ce qu'il paraît.
Maman passe et dit que je suis bien gentille de t'écrire je trouve qu'au contraire car cela m'amuse beaucoup de causer un peu avec toi.
Mais adieu cher bon père, je t'embrasse de toutes mes forces, en attendant que je puisse le faire pour de bon.
Bien des choses, des baisers, des caresses && de maman et Emilie. Cécile[9] te fait dire bien des choses. Un bon souvenir de notre part à N. et T[10]. Pauline et F.[11] te remercient de ton petit mot d'amitié.
ta petite fille qui t'aime
Marie Mertzdorff
Encore mille remerciements pour ma chère chère lettre.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Annette (Nanette) et Thérèse Neeff, domestiques chez les Mertzdorff.
- ↑ Pauline et François, domestiques chez les Desnoyers, mentionnés dans la lettre du 1er juillet.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 6 juillet 1871 (B). Lettre de Marie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_6_juillet_1871_(B)&oldid=40136 (accédée le 14 novembre 2024).
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