Jeudi 5 octobre 1876

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris)

original de la lettre 1876-10-05 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-10-05 pages 2-3.jpg


Maison du Moulin 5 8bre 1876.

Ma bien chère Aglaé,

Te voilà de retour à Paris heureuse de te retrouver auprès de ton bon mari[1], de tes chers parents[2], après avoir accompli cet acte de tendresse et de dévouement qui t’a fait partir pour un long voyage dont l’heureuse conséquence a été de ramener la santé à notre chère Marie[3], le bonheur à notre pauvre Charles[4] qui s’est trouvé pendant trois mois en intimité avec toi, avec ses chères filles[5]. Que fera-t-il à présent qu’il va être séparé de ces chères enfants qui font sa vie et son bonheur. Ici nous ferons ce que nous pourrons pour le distraire mais je sens combien nous serons impuissants à remplir le vide si grand qu’il va éprouver. Il est vrai qu’il aura à s’occuper de beaucoup de choses à son retour chez lui, cela est un bien, car il n’y a rien de tel que le travail pour diminuer la souffrance du cœur. Depuis que je t’ai écrit, ma bonne Aglaé, mon mari[6] et moi nous nous sommes présentés chez Madame Mantz[7] grand’mère de Jules Roederer[8], cette dame et son mari nous ont fait l’accueil le plus gracieux, et tout ce que nous avons appris par eux touchant la famille S.[9] est de nature à nous faire désirer la réalisation d’un projet qui n’est encore qu’une chose vague. Madame Mantz m’a écrit hier un aimable billet pour me dire que la jeune personne en question[10] est de retour à Mulhouse, elle ajoute qu’il faut avoir de la patience car elle ne sait pas encore quel moyen employer pour que les jeunes gens[11] se voient. Dans cette affaire si grave comme dans d’autres, je mets toute ma confiance en Dieu. Un de ces jours, tu recevras, ma chère Aglaé, une boîte contenant des chaussons à l’adresse de ta bonne mère et des chères dames Dumas et Pavet[12], dis-leur bien que je ne veux pas qu’elles prennent la peine de m’écrire à ce sujet, quand j’aurai le plaisir de les voir à Paris, elles me diront s’ils sont aussi chauds que je le désire. Un petit jupon que j’ai tricoté et que tu trouveras dans cette même boîte, est pour toi, ma chère Aglaé, afin que tu en fasses l’usage habituel. Mille remerciements à notre chère petite Emilie pour la bonne lettre qu’elle vient d’écrire à son grand-père[13], embrasse bien pour nous cette chère enfant ainsi que notre bonne Marie dis-leur à toutes deux que nous les accompagnons sans cesse par la pensée. Je suis heureuse de voir mon mari marcher avec tant de facilité, il lui arrive souvent de faire cinq lieues en se promenant, il admire le pays qui est vraiment bien beau.

Bientôt nous aurons le vif contentement de posséder dans notre petite maison mon frère[14] et Paul[15]. Inutile de dire que nous reviendrons souvent sur le chapitre concernant le mariage de notre bon neveu. Quelles nouvelles as-tu de Mlle Mathilde[16] ?

Je pense souvent à l’affaire de ton déménagement et voudrais te voir sortie de tout l’ennui et de toute la fatigue que cause un déplacement de résidence.

A l’instant Léon nous communique la bonne lettre de Charles que nous aurons le plaisir de voir Dimanche. Que de questions nous allons adresser à ce cher ami !

Adieu ma bonne Aglaé nous t’envoyons nos tendres amitiés à partager avec les tiens. J’espère que ton bon père va tout à fait bien et qu’il ne se ressent nullement de l’indisposition qu’il a eue il y a deux mois, ne nous oublie pas auprès de  tes chers parents.

Félicité Duméril.

Je pense souvent à M. & Mme Paul Nicolas[17] et à leur intéressante fille[18]. Combien ils sont à plaindre par l’état de M. Laroze.


Notes

  1. Alphonse Milne-Edwards.
  2. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
  3. Marie Mertzdorff qui faisait une cure à Cauterets et un séjour à Biarritz.
  4. Charles Mertzdorff.
  5. Marie et Emilie Mertzdorff.
  6. Louis Daniel Constant Duméril.
  7. Emilie Sophie Caroline Mantz, épouse de Jules Roederer.
  8. Jules Emile Roederer.
  9. La famille Stackler.
  10. Marie Stackler.
  11. Léon Duméril et Marie Stackler.
  12. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  13. Louis Daniel Constant Duméril.
  14. Charles Auguste Duméril.
  15. Paul Duméril.
  16. Mathilde Arnould.
  17. Paul Nicolas et son épouse Stéphanie Duval.
  18. Pauline Nicolas, épouse de Jean François Laroze.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 5 octobre 1876. Lettre de Félicité, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_5_octobre_1876&oldid=40129 (accédée le 18 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.