Jeudi 20 octobre 1814

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Tours)

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230 A

Paris 20 Octobre 1814

Je suis si contente cher ami de la découverte que je viens de faire dans le moment même, de l’arrivée des ses quatre dernières grosses dents d’Auguste[1], que je commence ma lettre par là, et je pense bien que ta joie sera égale à la mienne, car cette pousse hâtive explique tous ses dérangements de santé et donne à espérer que maintenant nous verrons enfin ce cher enfant se fortifier et prendre une santé solide. Cette découverte me met dans une satisfaction que je ne puis exprimer, il me semble qu’il est sauvé d’un grand danger, car la perspective de ce travail était propre à donner bien de l’inquiétude à cause de la délicatesse de l’enfant. Ce que je ne comprends pas c’est comment ces 4 dents sont arrivées sans que nous nous en soyons aperçu ni les uns ni les autres ; on ne pensait pas que ce fût le moment, cependant comme il a un peu de dévoiement, et que hier et aujourd’hui il a eu une joue très rouge j’ai eu l’idée d’y regarder, et tu juges de ma surprise en en trouvant une tout à fait dehors, une aux trois quarts et deux à moitié. J’espère que ce sera incessamment qu’elles seront tout entièrement au jour, et je me flatte beaucoup qu’à dater de ce moment il se mettra à marcher.

Que je te parle maintenant de toi cher ami. Combien il me tarde de savoir comment tu es, comment tu auras supporté la fatigue de la voiture, et comment tu auras passé la nuit, si ton lit était bon, si tu as eu quelque appétit, si ton pouls est complètement revenu à son état naturel, songe je t’en prie à me dire tout cela. Tu ne saurais croire le regret que j’ai d’avoir oublié de te donner un des coussins verts pour mettre derrière tes reins, j’y ai songé trop tard pour qu’Edouard[2] pût courir après la voiture. Je m’en veux beaucoup pour cet oubli. La pluie m’a beaucoup chagrinée pour vous mais aussi je suis bien heureuse chaque fois que je voyais vois le soleil. J’ai oublié de te demander s’il était pressé d’envoyer les lettres à Delessert et à M. Guersant, dans l’incertitude je les ai envoyées hier. J’ai aussi oublié de te demander l’adresse du fumiste, je te serais obligée de me l’envoyer dans ta première lettre, car je présume bien qu’il ne viendra que lorsqu’on aura été le relancer. Nous avons eu entre hier et aujourd’hui des lettres de Mlle Carondelet, de Cécile[3], de Mlle Rath, toutes contiennent de bonnes nouvelles. J’écrirai à Sceaux par le courrier de demain. Je fus hier avec le cabriolet pour voir Mme Duméril[4] que je ne trouvai pas ; ma Tante[5] vint dîner avec nous. Aujourd’hui nous n’avons que le projet de rester chez nous. Je ne sais si je verrai ton frère et son fils[6]. Adieu mon bien cher et bon ami. J’attends une lettre de toi avec impatience. Je t’embrasse avec tendresse, et t’envoie les amitiés de maman[7] et de Constant[8].

A. Duméril


Notes

  1. Auguste Duméril, âgé de presque deux ans.
  2. Edouard, domestique chez les Duméril.
  3. Cécile Delessert, épouse de Michel Delaroche.
  4. Désirée Marie Louise Ango, épouse de Jean Louis François Pontas-Duméril.
  5. Elisabeth Castanet.
  6. Florimond dit Montfleury (l’aîné), frère d’AMC Duméril, et son fils (le jeune) qui porte les mêmes prénom et surnom.
  7. Marie Castanet, veuve de Daniel Delaroche.
  8. Louis Daniel Constant Duméril, leur fils.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 142-144)

Annexe

A Monsieur

Monsieur Duméril

Président des Jurys de Médecine

à la boule d’Or à Tours

Département d’Indre-et-Loire

Pour citer cette page

« Jeudi 20 octobre 1814. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Tours) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_20_octobre_1814&oldid=39947 (accédée le 23 avril 2024).

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