Samedi 22 octobre 1814

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Tours)

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215 P

1812[1]

Samedi 22 Octobre

Je ne puis te dire mon bon ami combien j’ai été reconnaissante de ta lettre de Bonneval, et quel plaisir elle m’a fait en m’apprenant que tu continuais à être bien mieux. Je pense que tu m’auras écrit hier de Tours et que je recevrai ta lettre demain. J’espère qu’elle m’apprendra que tu es parfaitement, et que tu as un appétit tel qu’on doit l’avoir en état de santé. Je te fais toujours mes exhortations pour te ménager dans les repas, tu sais que quelques verres de vin de plus qu’à l’ordinaire te valent facilement la migraine, tu les bois par politesse mais c’est une politesse qui te coûte cher. Je t’écrirai fort brièvement aujourd’hui, car j’ai été retardée par mille choses, et si ma lettre ne partait pas elle par ce courrier, elle ne parvien te trouverait plus à Tours.

Adrienne[2] n’était pas encore arrivée hier matin que nous vîmes son frère. Je vais y envoyer pour savoir si elle est enfin auprès de sa mère, qui est bien agitée de ce retard. J’ai eu hier la visite de M. Guersant qui était allé chez Madame Jacquemont, chez Mme Manier qui semblait aller un peu mieux, et chez un M. Deschamps ancienne pratique de mon père[3] qui t’avait fait demander la veille, M. Latour[4] qui était son médecin étant parti.

J’ai vu ce matin ton frère[5], qui paraît fort content de la pèlerine en fourrure que j’ai achetée hier pour sa femme, laquelle coûte 55ll. Il viendra dîner demain avec son fils. Tes enfants[6] sont très bien, Auguste d’une vie qui fait un grand bien à voir, il a toujours un peu de dévoiement et de rouge aux joues.

Maman[7] t’envoie mille choses amicales, ma Tante[8] a paru sensible au mot que contenait ta lettre pour elle. Je serais très bien si je n’avais pas du rhume de cerveau.

Adieu excellent ami, songe au devoir qui t’attend envers ta femme à ton retour, et surtout ne laisse voir cette phrase à personne.

Je t’embrasse tendrement et voudrais savoir te rendre le plus heureux des maris.

A. Duméril


Notes

  1. Cette datation tracée ultérieurement est erronée.
  2. Adrienne Say ; son frère Horace ; sa mère Julie Gourdel de Loche.
  3. Daniel Delaroche, médecin mort en 1812.
  4. Possiblement Pierre Latour (qui a soutenu en 1804 une thèse sur la phtisie pulmonaire).
  5. Probablement Florimond dit Montfleury (l’aîné), époux de Catherine Schuermans et père de Florimond dit Montfleury (le jeune).
  6. Louis Daniel Constant et Auguste Duméril.
  7. Marie Castanet, veuve de Michel Delaroche.
  8. Elisabeth Castanet.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 127-129)

Annexe

A M. Duméril, président des Jurys de médecine à Tours

A la boule d’or

Département d’Indre-et-Loire

Pour citer cette page

« Samedi 22 octobre 1814. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Tours) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_22_octobre_1814&oldid=60160 (accédée le 21 novembre 2024).

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