Rath, Henriette (1773-1856)

De Une correspondance familiale

Dans leurs lettres Alphonsine Delaroche (en 1814) et son frère Michel (en 1833) nomment une « Mlle Rath ». Élisabeth Castanet dans ses carnets note les déplacements de « notre cousine Mlle Rath » entre Genève, Paris et la province (1810, 1812, 1814, 1815, 1819). Auguste Duméril enfin, dont l’agenda prend le relais en 1843, signale ses séjours à Paris en 1837 et 1844 et, le 24 novembre 1856, la « mort de notre cousine, Mlle Rath ».

Ces éléments permettent d’identifier Henriette Rath, peintre genevoise de portraits et d’émaux, miniaturiste. Elle effectue son premier séjour parisien en 1798 où le maître de la miniature Jean-Baptiste Isabey la prend comme élève. Deux lettres de 1821 et 1844, signées d’Isabey et adressées à Henriette Rath, sont conservées dans les Archives d’Etat de Genève sous la cote : Ms hist. 242.7. Dans ses Mémoires, Augustin Pyramus de Candolle raconte qu’il compose pour elle un Épître au thé (1799). En 1801 elle est la première femme nommée membre honoraire de la Société des Arts de Genève. Elle figure au Salon à Paris en 1801, 1809 et 1810 avec des portraits et des miniatures. Le notaire genevois Jean François Jacob Richard (1743-1813), très attaché au portrait qu’elle a fait de lui, le mentionne expressément dans son testament pour qu’il reste dans la lignée portant le nom (d’après De la banche à l’étude, de B. Roth-Lochner, 1997, p. 490). Henriette Rath rejoint son frère en Russie (1810), s’installe à Berne (1813), voyage en Italie (1815), expose régulièrement de 1816 à 1851 à la Société des Arts. L’acuité de son regard, sa maîtrise technique et sa sensibilité mélancolique sont reconnues.

La famille Rat est originaire de Nîmes. Obligée de quitter cette ville pour se soustraire aux persécutions religieuses, elle se réfugie à Genève en 1686. Une Élisabeth Rat, épouse d’Honoré Castanet (1702-1765), négociant en soie à Lyon, est la mère de six enfants, dont : Françoise Castanet (1742-1789), épouse du banquier Jean Étienne Say (1739-1806) ; Denis Castanet, négociant à Saint-Domingue ; Marie Castanet (1749-1821), épouse du médecin Daniel Delaroche (1743-1812) ; Marguerite Castanet (décédée en 1800) ; Élisabeth Castanet (1752-1835, l’auteur des carnets). Une autre partie de la famille, les enfants du maître horloger Jean Louis Rat (1737-1820) et d’Alexandrine Sarah Rolland (1730-1823), devient « Rath ». Ils ont trois enfants : Simon Rath (1766-1819), après une carrière militaire, lègue sa fortune à ses sœurs Jeanne Françoise (1772-1831) et Henriette (1773-1856), à charge pour elles de participer au financement d’un musée des beaux-arts. Augustin Pyramus de Candolle, dont Henriette Rath a fait plusieurs portraits, est rapporteur de la commission relative à la fondation de ce musée, qui est inauguré en 1826 à Genève. Il comprend au sous-sol des salles pour l’École de dessin. A l’origine le musée est ouvert au public une demi-journée par semaine et aux artistes (masculins exclusivement) trois jours par semaine. Le premier catalogue est édité en 1835. Les dames Rath font par la suite un don en faveur d’une bibliothèque.

[On pourra consulter l’article de Noémie Étienne et Vincent Chenal, « Les demoiselles Rath et l’institution artistique à Genève autour de 1800 », Post Tenebras Luxe, sous la direction de Donatella Bernardi, Genève, 2009, p. 66-87 ; et le catalogue de Claude Lapaire, Musée d’art et d’histoire de Genève.]

(Voir la monographie sur les autres artistes mentionnés dans les lettres)



Pour citer cette page

« Rath, Henriette (1773-1856) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Rath,_Henriette_(1773-1856)&oldid=61362 (accédée le 21 novembre 2024).

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