Jeudi 19 septembre 1844
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Le Havre)
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Jeudi 19 septembre
Encore un petit bout de conversation avec toi mon bon ami avant le moment où nous te reverrons au milieu de nous. Ma dernière lettre ne te sera remise qu'a Southampton à ce que m'a écrit Henri[1] auquel je l'avais adressée pour te la faire parvenir ; en même temps il me donnait de bonnes nouvelles d'Emilie[2] et nous apprenait le petit voyage de M. Gastambide à Paris ; je présume qu'il viendra nous voir ce soir.
J'ai à te faire de grands remerciements pour les trois bonnes lettres que j'ai reçues de toi depuis que je t'ai écrit. Tu nous donnes des détails (sur ta vie active et si remplie de Londres) qui nous en font pressentir beaucoup d'autres aussi intéressants. Combien tes enfants et moi nous nous félicitons de ce que tu as pu enfin faire ce voyage dont tu jouis si bien ; nous admirons votre force et votre bonne santé à mon frère[3] et à toi pour faire tant de choses, mais j'ai presque peur que vous vous soyez trop fatigués. C'est aujourd'hui que vous quittez cette immense ville que tu es heureux de connaître ainsi qu'une partie de ses environs. J'espère que votre retour au Havre se fera sans mal de mer comme votre première traversée. Tu as dû recevoir le jour où tu m'écrivais, une assez longue lettre d'Auguste[4] où il te disait bien des choses et te parlait de la rougeole de Léon[5]. Cette maladie, pour ce cher enfant, se passe aussi heureusement que possible, mais cela n'empêche pas que félicité se soit extrêmement agitée et qu'elle ait pris beaucoup de fatigue ;
j'apprends qu'elle a parfaitement bien dormi cette nuit et qu'elle se sent extrêmement reposée.
Auguste comme tu comprends est le médecin du malade qui, en général, est bon petit garçon pendant cette réclusion, mais cela nous sépare beaucoup des habitants de la rue St Victor, car nous faisons tout notre possible pour garantir la petite Adèle[6] qui est en si bon état qu'il serait bien triste de la voir devenir malade. Je compte cependant avoir aujourd'hui à dîner mon beau-frère[7] et Constant[8] pour être avec Auguste notre neveu et sa femme[9] que j'ai été voir hier et que j'ai invités. Je suis allée voir hier Mme de Tarlé[10], elle et son mari ont mis beaucoup d'intérêt à ton voyage et à la maladie d'Emilie, je pense tu vas trouver cette chère nièce ayant fait de grands progrès en bien depuis votre départ ; Dis-lui je t'en prie combien nous sommes heureux de la savoir en pleine convalescence, fais-lui, ainsi qu'au reste de la famille, mes tendres amitiés et dis aussi à Charles[11] les choses les plus affectueuses de la part d'Auguste et d'Eugénie. Nous voudrions bien savoir à quelle heure tu arriveras samedi
Je t’embrasse de tout cœur
Notes
- ↑ Henri Delaroche.
- ↑ Emilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
- ↑ Michel Delaroche.
- ↑ Auguste Duméril, fils d’André Marie Constant.
- ↑ Léon Duméril, né en 1840, fils de Louis Daniel Constant Duméril et de Félicité ; la famille habite rue Saint-Victor.
- ↑ Adèle Duméril, née le 13 mai 1844, fille d’Auguste et Eugénie.
- ↑ Auguste Duméril (l’aîné), frère d’André Marie Constant.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Charles Auguste Duméril, époux d’Alexandrine Brémontier.
- ↑ Suzanne de Carondelet, épouse d’Antoine de Tarlé.
- ↑ Charles Latham, époux de Pauline Elise Delaroche.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Madame Duméril Delaroche à son mari, p. 48-50)
Annexe
Monsieur Duméril
chez MM. Delaroche, Armand Delessert et Cie
Pour citer cette page
« Jeudi 19 septembre 1844. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Le Havre) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_19_septembre_1844&oldid=39912 (accédée le 5 octobre 2024).
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