Jeudi 12 mai 1859
Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa cousine Adèle Duméril (Paris)
12 Mai 1859
Ma chère petite Adèle
Je n'ai pas oublié que c'est demain le treize Mai et le premier jour de tes quinze ans ; je voudrais être près de toi pour t'embrasser bien tendrement et te dire tous les vœux que je forme pour que cette quinzième année que l'on cite toujours comme le plus bel âge ne t'amène rien que d'heureux. Voilà ma chère enfant, que tu deviens une grande personne et une amie pour ta mère[1], je rêve déjà quelquefois au temps où ma fille[2] en sera là et je me dis que c'est alors qu'une jeune fille peut commencer à récompenser ses parents des peines qu'ils ont prises pour elle. J'ai appris avec grand plaisir, par ma belle-sœur[3], que tu es devenue plus causante en société et Edgar ne voulait pas croire que tu fusses cette jeune personne que l'on disait si timide ; cela, je te le répète, m'a fait bien plaisir. Je te dirai que ta petite nièce vient à merveille ; nous la voyons prospérer chaque jour, ce qui nous cause une grande joie comme tu le comprends ; elle va chaque jour au jardin et y dort jusqu'à deux heures de suite ; elle commence à regarder les personnes qui l'entourent et à les suivre de l'œil ; chaque petit progrès fait plaisir ; c'est une grande privation pour moi de ne pas pouvoir vous montrer ce petit être qui me cause déjà tant de jouissances. Au reste il faut que tu saches qu'hier, comme elle paraissait fixer très attentivement ton portrait, sa bonne-maman Duméril[4] l'a longuement entretenue de sa petite tante Adèle, mais je ne peux te certifier que l'explication lui soit restée dans la tête.
Ce matin j'ai reçu un mot de papa[5] qui m'annonce encore des gâteries pour ma fillette ; sans rien dire de bien clair il me parle d'un cadeau envoyé par bonne-maman[6], toi et Clotilde[7] ; sans le connaître encore, j'y suis bien sensible et vous remercie bien sincèrement ; j'attends la petite caisse avec une vive impatience. Sais-tu, ma chère Adèle, que tu es une vraie tante gâteau et le si charmant couvre-pieds que tu as fait pour la petite Marie en est bien une preuve.
Adieu ma chère enfant, je t'embrasse bien bien tendrement, j'espère que demain, selon mon désir, une petite fleur viendra te dire de ma part que je t'aime bien fort et pense beaucoup à toi
Ta cousine et amie
Caroline Mertzdorff
Rappelle-nous, je t'en prie, au bon souvenir de tous les chers parents qui t'entourent.
Sois mon interprète auprès de Louise, Paul et Marie[8] pour leur dire combien j'ai été touchée de l'intérêt qu'ils ont mis à la naissance de ma petite fille.
Notes
- ↑ Eugénie Duméril.
- ↑ La petite Marie Mertzdorff est née le 15 avril 1859.
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel, qui a fait un voyage à Paris.
- ↑ Félicité Duméril séjourne alors chez sa fille Caroline.
- ↑ Cette lettre de Louis Daniel Constant Duméril n’est pas conservée.
- ↑ Alexandrine Cumont, veuve d’Auguste Duméril l’aîné.
- ↑ Clotilde, née en 1842, est la fille aînée de Charles Auguste Duméril et d’Alexandrine Brémontier.
- ↑ Louise, Paul et Marie sont domestiques. Voir lettre du 17 avril 1859.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 12 mai 1859. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa cousine Adèle Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_12_mai_1859&oldid=41212 (accédée le 18 décembre 2024).
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