Dimanche 22 mai 1859

De Une correspondance familiale

Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son père Louis Daniel Constant Duméril (Paris)

Original de la lettre 1859-05-22-pages1-4.jpg Original de la lettre 1859-05-22-pages2-3.jpg


22 mai 1859

Dimanche 7 h

Mon cher père

A la hâte, je t'écris un mot pour te remercier de ta bonne lettre qui m'a fait tant de plaisir hier et pour te dire que tout ce que tu as eu la bonté de m'envoyer est arrivé à bon port Samedi matin. Tu comprends combien nous avons pensé à maman[1] toute la journée et le soir nous nous sommes réjouis en la sachant près de toi ; elle a fait un si grand vide ici que je comprends encore mieux le sacrifice que tu as fait en ma faveur pendant ces deux mois aussi c'est du fond du cœur que je t'en remercie et je puis bien te dire en connaissance de cause que dans les moments comme celui que celui que je viens de passer une maman est une bien bonne chose.

Aujourd'hui, je suis enfin allée au jardin ce qui me fera du bien, j'en suis sûre puis j'ai repris toutes mes occupations domestiques aussi ma journée a-t-elle été bien remplie d'autant plus que cette pauvre Mme Cornelli est toute souffrante d'une affreuse fluxion qui l'a forcée à se coucher dans le jour et je viens de soigner la petite[2] pendant plus de deux heures et figure-toi que je suis si sotte que tout en elle m'effraye et j'ai toujours besoin de cette bonne Mme Cornelli pour me rassurer tantôt sur un vomissement, tantôt sur un caca, tantôt sur des cris que je ne puis m'expliquer ; l'existence d'un petit être comme cela me parait si merveilleuse que je puis à peine y croire.

J'ai eu cette après-midi une aimable visite de M. et Mme Dollfus[3]. Dis je te prie à maman que mon corset va bien, que le dîner aujourd'hui était très bon et que maman[4] a déclaré que nulle part elle n'avait mangé d'aussi bons petits pâtés que ceux que nous avions.

Je pense que maman a déjà bien causé avec toi, au sujet de Léon[5], dites-le moi dès que vous aurez décidé quelque chose car j'en suis bien occupée.

Adieu, mon cher père, il faut que je te quitte, maman va venir souper, je t'embrasse bien tendrement ainsi que maman que je ne puis croire partie pour tout à fait

Ta fille bien affectionnée

Crol

Hier soir nous nous sommes couchés avant 9 h. et nous avons passé une bien bonne nuit

Nous allons avoir, je crois un gros orage

le manque de temps m'empêche de répondre à bien des choses que tu me dis. Maman est très contente avec <ton> livre.


Notes

  1. Félicité Duméril rentre à Paris après deux mois passés auprès de sa fille.
  2. Marie Mertzdorff, fille de Caroline.
  3. Gaspard Dollfus de Mulhouse et son épouse Catherine Dettwiller.
  4. Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff, belle-mère de Caroline.
  5. Léon Duméril, frère de Caroline.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 22 mai 1859. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son père Louis Daniel Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_22_mai_1859&oldid=39509 (accédée le 15 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.