Jeudi 12 janvier 1865
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
12 Janvier 1864[1]
Ma chère petite Gla,
Quoique j’aie chargé maman[2] de t’adresser tous nos remerciements pour les jolies choses que tu nous as envoyées, je ne trouve pas que cela suffise et je viens moi-même te dire que tout ce que petite Tante Gla a choisi est parfaitement à notre goût, et qu’on trouve que c’est une tante gâteau. Mon joli tricot est des plus élégant et bonne-Maman Mertzdorff[3] trouve que cela me va très bien, ainsi grâce à toi et à maman je vais devenir une fine coquette, car c’est bien comme cela que vous m’avez traitée.
Je voudrais bien avoir des nouvelles de notre bonne mère. Dans la dernière lettre, vous me disiez que cette bonne petite mère était mieux mais ne sortait pas encore, j’espère qu’elle n’a pas fait d’imprudence et qu’elle ne tousse plus.
Depuis que je vous ai écrit j’ai eu ma petite Mimi[4] malade, mais la voilà de nouveau bien, elle est seulement un peu maigrie. Samedi elle a été prise de mal d’estomac, nous l’avions un peu purgée la veille parce qu’elle n’avait plus beaucoup d’appétit et Samedi soir elle a eu la fièvre assez fort jusqu’au milieu de la nuit. Dimanche elle était faible et du bouillon coupé a suffi pour lui redonner encore un accès de fièvre, puis elle avait une toux assez forte, mais toux qui paraît n’avoir aucun caractère, Lundi elle est restée au lit et la fièvre n’est pas revenue et le mal a été en décroissant, la langue n’est plus si blanche et la toux moins fréquente. C’est une petite indisposition qui doit être causée par le germe des grosses dents de 7 ans car elle en a déjà une de percée. Hier nous étions tranquille pour Mimi lorsque Founi[5] a été réveillée par des coliques et le pauvre petit chou souffrait beaucoup et répétait : ai si sommeil, mais un bon cataplasme l’a remise et ce matin nous voici de nouveau tous en bon état. Tu vois qu’avec les enfants il y a toujours quelque chose. Mes petits choux sont bien bien raisonnables ; et on doit rendre grâce à Dieu quand on n’en est quitte avec des petits malaises.
Voilà encore deux femmes qui viennent de mourir en laissant de tous petits enfants[6]. Ici c’est comme à Paris[7].
M. et Mme Duméril[8] sont ici depuis hier. Ils n’iront à Paris qu’après le mariage[9] ; Mme Duméril craint de n’avoir vraiment pas la force d’assister à toutes les cérémonies. Je trouve qu’elle a bien raison de remettre jusqu’après. Léon[10] va y aller pour représenter toute la famille. Nous allons faire à Adèle un cadeau de la même valeur que celui qu’on t’a fait, mais nous sommes si embarrassés qu’au lieu de te donner encore le mal de choisir, nous prions Mme Constant[11] d’écrire à Mme Auguste[12] pour qu’elle < >
Adieu, ma petite Gla chérie, où en es-tu avec les soirées ? quand commences-tu à recevoir ?
Je t’embrasse bien bien fort et Charles[13] adresse toutes ses amitiés à Alphonse[14] et la petite sœur chérie. Mme Duméril me charge de toutes ses tendresses. Je t’écris auprès de tout mon monde, aussi pardonne le style et l’écriture. J’embrasse maman bien fort.
Je vais toujours très bien.
Comment va Louise[15] ? Est-elle bien remise.
Notes
- ↑ Distraction d’Eugénie Desnoyers : il s’agit de 1865.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Merzdorff et mère de Charles.
- ↑ Marie Merzdorff, fille de Charles.
- ↑ Emilie Merzdorff, seconde fille de Charles.
- ↑ Il est possiblement fait allusion à Marie Joséphine Bornèque, épouse de Jean Thiébaud Sick (décédée à Thann le 8 janvier 1865) et à Rosette Sussenthaller, épouse de François Muller (décédée à Thann le 10 janvier 1865).
- ↑ Allusion à l’épidémie de choléra.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Le mariage de leur nièce Adèle Duméril avec Félix Soleil.
- ↑ Léon Duméril, fils de Louis Daniel Constant et Félicité.
- ↑ Félicité Duméril épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Eugénie Duméril, épouse d’Auguste Duméril et sœur de Félicité.
- ↑ Charles Merzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
- ↑ Possiblement Louise Milne-Edwards, épouse de Daniel Pavet de Courteille et belle-sœur d’Aglaé, plutôt que la domestique Louise.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 12 janvier 1865. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_12_janvier_1865&oldid=39798 (accédée le 15 novembre 2024).
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